Qu'il s'agisse d'une allégorie politique ou de saison, le fait est que c'est bien l'expression adéquate [oui oui ... comme Sheila] du jour.
En voilà une soirée électorale singulière : l'avenir de politique est donc le vert au point que tout le monde convergeait hier soir pour expliquer que c'était la priorité des français [les sondages contredisant d'ailleurs de telles conclusives si hâtives] autorisant ainsi toute l'entreprise de "green-washing" à laquelle les piètres stratèges et nouveaux soupirants se lançaient sans vraiment attendre de tirer les enseignements nécessaires d'un scrutin dont la lisibilité mérite tout de même un peu de prudence.
Que les candidats d'Europe-Ecologie-Les Verts aient raflé des villes symboliques est indéniables mais on serait bien généreux d'y compter Marseille alors que la candidate victorieuse avait été exclue du mouvement en question. Au surplus et au risque d'une analyse peut-être personnelle, je vois davantage une victoire des forces de gauche que de la stricte écologie politique. C'est ainsi sous ce prisme que l'on peut comprendre l'écrasante victoire d'Anne Hidalgo. En somme, c'est un peu comme si les électeurs avaient cédé aux sirènes d'un "green-washing" de la gauche en essayant donner un ticket à EELV des mandats pourvu qu'ils fassent une politique respectueuse de l'environnement mais aussi sociale et solidaire. Dans le panel de préoccupations des français, le système de protection sociale semble être la priorité n°1, l'environnement ne pointe qu'en troisième place.
Aussi, au prix d'un mouvement de balancier assez classique en France, on passe de la droite à la gauche mais pas la gauche rose et flêtrie, ni rouge agaçante [il faudra tout de même pointer du doigt le fait que les Insoumis n'ont quasiment pas souhaité participer à ce scrutin], une gauche verte qui renoue avec les accents stratégiques de l'union de la gauche, celle qui permit la victoire de 1981 puis de 1997. Cette fois, le social est supplanté par la considération verte, celle qui correspond tant aux aspirations d'un monde déboussolé par une pandémie mondiale [qui n'a pas grand chose à voir avec l'écologie], par les signes angoissants d'un dérèglement climatique devenu palpable et la fin d'un cycle : celui de la glorification de la mondialisation au profit d'un retour en grâce du local par rapport au global.
Pour autant, les Verts ne sont pas un phénomène de mode ... ils sont la maturation d'une forme de gauche de gouvernement qui a concilié le centre-gauche de l'ancien Parti radical aux considérations écolos. En d'autres termes, je veux croire que la gauche a trouvé la façon d'opérer sa troisième mutation depuis 1945 : d'abord communiste à la sortie du conflit mondial, elle a mué en socialisme reformiste [bourgeois ajouteront ceux qui la conspuent] dans les années 70 et 80, et muté désormais en écologie politique pour plaire aux électeurs citadins soucieux de réaccorder leurs aspirations avec un environnement négligé depuis trop longtemps. Le risque dans tout cela n'est pas de gagner mais de se couper des classes populaires parce que, sociologiquement, le vote d'hier confirme la tendance : l'électeur écolo demeure un bobo citadin qui ne voit pas le souci à réduire des limitations de vitesse qui ne le concernent pas, à augmenter le prix d'un litre de diesel qu'il n'achète pas parce que son Vélib' a désormais droit de priorité sur l'aménagement urbain selon Hidalgo et ses disciples-geoliers. Comme dans la crise des 80 km/h sur les routes départementales, le risque d'opposer une France à une autre est énorme et pourrait, alors, priver la gauche au sens large d'une partie de son électorat.
N'empêche : la séquence s'achève. Macron est plus seul et sans base locale que jamais, les Républicains stagnent mais perdent des bastions historiques, les extrêmistes de droite conquièrent Perpignan sans afficher leurs couleurs [et heureusemen sinon la moisson aurait été moins avantageuse] et le Parti Socialiste a presque l'air satisfait de prendre le rôle du PC quand il fallait l'union de la gauche. Tout le monde a gagné, comme à l'école des fans ... sauf la démocratie parce que l'abstention n'a jamais atteint de tels sommets pour ce scrutin [la faute, évidemment, au contexte sanitaire et aux modalités de déroulement du scrutin]. Le fait majeur en tout cas, c'est que l'on n'a jamais vu autant de femmes diriger autant de grandes villes en France [la moitié des dix plus grandes villes sera dirigée par des femmes], et cela sans incitation ni quotas. Voilà qui mériterait d'être souligné ...
On peut donc songer à partir en vacances, non sans avoir procédé à un sérieux ripolinage du gouvernement qui ne saurait rester en l'état ... étant précisé qu'Edouard Philippe est devenu hier un sacré caillou dans la chaussure du Président Macron. Se mettre au vert, sans céder aux sirènes cacophoniques d'EELV [qui devra aussi préciser son discours au sujet de la soupe servie à divers courants communautaires ... vieille tentation de céder aux vieux démons alternatifs], voilà un nouvel équilibre à trouver pour récupérer sans se déboutonner ni brouiller les soutiens encore en place : se mettre au vert permettra peut-être de recouvrer quelques couleurs, faire revenir un peu de sève !
Tto, qui trouve qu'il est grand temps de partir en vacances
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