A force, arrive toujours un moment où l’inéluctable n’est plus négociable. Proscrastineur invétéré que je suis, je pensais me soustraire encore à cela. Et pourtant, non … le couperet devait tomber le lendemain.
Cet appartement, je le connais bien. Je l’ai repeint, j’y ai eu des joies immenses, les murs résonnent encore de certains pleurs … en cinq années, nous nous sommes aimés et cela ne peut laisser indifférent.
Je suis seul et ce n’est peut-être pas si mal. Pas de mot maladroit, pas d’attitude culpabilisante, pas de déchirement autre que celui auquel je m’attends.
Oui mais voila, la solitude ne sera que toute relative. Félicie hante encore les cartons et autres affaires qui n’attendent plus que d’être transportées. C’est dans cet appartement que je l’ai vue grandir cette boule de poil, ce chat contre lequel j’ai tant et tant hurlé et/ou usé d’un peu d’autorité, ce chat qui m’a tant apporté. Et évidemment, la voir toute frêle dans ce dédale m’a touché, retrouver sa silhouette m’a arraché le cœur, constater qu’elle n’était pas dans la meilleure des formes m’a rendu encore plus coupable puisque tout cela est directement de mon fait …
Alors, j’ai pris le temps … Je suis allé m’installer sur le canapé, comme avant. J’ai joint mes genoux, Félicie est venue sur son papa et s’est lovée dans mes mains qui l’encercleront toujours avec le plus pur amour. Les larmes me sont évidemment venues. Je me suis demandé pourquoi faire tant de mal à Félicie, où j’arrivais à trouver la force de mon égoïsme pour ne pas voir le mal que je faisais … Passées ces douloureuses secondes, j’ai entamé le dialogue avec ma Félicie, qui m’a regardé … comme si elle attendait ce que j’avais à lui dire.
Je lui ai dit que le mieux pour elle était de ne plus croiser son papa si irritable ces derniers temps, qu’il m’était impossible de continuer comme avant, que je ne cesserai jamais de l’aimer, que j’étais très fier d’elle et qu’il fallait qu’elle soit gentille avec ma maman qui avait besoin d’elle. A chaque caresse, j’ai ressenti tout le poids de ma responsabilité dans ce que je lui infligeais. A chaque instant, j’ai savouré la présence de cet animal qui représente tellement pour moi. J’ai lu dans ses yeux un peu d’apaisement, mon dernier cadeau …
Félicie a tendu sa patte vers moi qui suintait des larmes qui coulaient sur mon visage, comme pour me dire que tout cela était dur mais pas si grave, que je resterai toujours celui qu’elle aime. Tu le sais, la fidélité d’un animal de compagnie pour son maître est quelque chose que je trouve boulversantissime …
Et puis, j’ai fait une dernière fois le tour de cet appartement avec Félicie, qui finalement m’a accompagné pour que je dise au revoir à ces murs, que je m’effondre devant le lit dans lequel j'ai choisi de n’avoir plus ma place, dans cette salle de bain où nous en avons fait des bêtises, dans cette cuisine, etc …
C’est finalement avec Félicie que j’ai dit adieu à tout cela, c’est avec mon chat adoré que j’ai refermé le livre, c’est avec sa patte que j’ai délié les liens qui retenaient encore le rideau qui devait à présent tomber.
Adieu à tout cela, mais simplement au revoir ma Félicie … Ton papa sera plus loin mais toujours tu reconnaitras son regard tendre et affectueux transpirant de tout l’amour qu’il te donnera. Sois assurée d’avoir la même place dans son cœur parce que ton papa n’a qu’une parole et ce midi là, il t’a fait une promesse que tu as entendue.
Ma révérence est tirée, la vie continue.
Tto, papa de sa Félicie
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