Lorsque j'ai mis en ligne cette vignette, j'ignorais alors à quel point elle serait prophétique. Le silence [relatif parce que comblé de best-of dont les titres ne sont pas choisis au hasard] en vigueur depuis presque quinze jours témoigne d'une chose : la crise est profonde, d'une intensité peu commune et elle dure.
Je n'ai plus assez de recul pour te dire s'il s'agit d'un gros accès de fièvre ou d'un mal plus compliqué à éradiquer. Je n'ai plus assez d'énergie pour écrire tout ce sur quoi j'aurais écrit d'ordinaire. Je n'ai plus assez de temps pour m’extérioriser d'un quotidien toxique qui m'entraîne par le fond. Je n'ai plus qu'un Zolimari qui me maintient la tête hors de l'eau, sous le niveau de laquelle un rien me fait sombrer. Un tableau de chiffres mardi, un "Comment ça va ?" mercredi, me lever ce matin.
Les grands théoriciens étaleront leur science en m'expliquant que je suis en plein burn-out. J'avoue n'en avoir rien à faire et supplier pour qu'une étiquette supplémentaire ne me soit pas collée au front. Le fait est que je suis très malheureux et que la météo du moment ne fait que traduire la dévastation intérieure qui est la mienne. Tout cela est pompeux ? Tout cela est vrai.
Curieusement et au regard de l'angoisse extrême qui est la mienne, j'ai encore la force de ne plus me ronger les ongles [signe traditionnel de montée de l'anxiété chez moi] parce que j'y vois l'une des dernières digues qu'il faut maintenir avant que tout ne soit perdu. Oui, ce n'est pas un accès de fièvre ... c'est un combat que je livre en ce moment, une bataille qui mobilise ceux qui ont perçu le mal qui est le mien et qui témoignent régulièrement depuis dix jours des attentions, des mots, des tentatives désespérées de me soulager.
Face à cela, Zolimari fait tout ce qu'il peut, ayant compris que les alertes n'étaient pas exagérées et constatant que les signes encourageants sont si fugaces et si fragiles qu'il ne faut pas les sur-interpréter. Quelques heures s'oxygénation à faire un peu de shopping m'ont fait replonger violemment samedi soir. Un repas de famille hier m'a beaucoup angoissé et je me suis concentré sur la cuisine pour tenir. Mes nuits ? Elles sont abominables et conjuguent tout ce qui m'angoisse au plus haut point en ce moment [il manque encore le fait que Zolimari ne me quitte, mais cela ne va pas tarder]. Oui, le tableau est affreux, ma voix est caverneuse, ma tête témoigne des stigmates de cet état plus que préoccupant. On s'inquiète pour moi à mesure que je me morfonds, je pense touche le fond mais c'est sans compter le décrochage suivant et ceux qui s'étaient laissés berner avec complaisance sur le fait que je suis inaltérable et Superman en sont pour leurs frais : l'effondrement est manifeste.
Je pleure plus que je ne ris, je me tais plus que je ne parle, je cherche davantage d'oxygène que je ne respire ... cela ne pourra pas durer bien longtemps. Au moins, cela me force à faire ce que je sais faire de mieux : analyser et comprendre, quitte à ce que cela me pompe encore un peu plus d'énergie mais j'aimerais y trouver là un début de perspective. Mercredi, j'ai complètement craqué ... avec une certaine indécence pour que la prise de conscience soit totale. J'étais dans mon bureau et on m'a ramassé. Depuis, on me rassure, on me témoigne de la valeur que l'on voit en moi ... moi qui m'obstine à me considérer comme un imposteur. On m'explique toute la stupéfaction que je provoque alors que je rappelle que je suis un excellent comédien qui sait donner le change. On m'implore de me calmer alors que les spasmes se rapprochent puis s'éloignent. Au moins, j'ai dit les choses et la charge mentale s'en trouve minorée.
Putain de rentrée oui ... je ne cours pas un 110 mètres haies, j'ai l'impression qu'il s'agit d'un marathon qui me tétanise alors que le premier kilomètre n'est même pas derrière moi. Je gagne du temps, j'écoute ce que Zolimari me dit de faire, je ne suis que l'ombre de moi-même là où tout le monde y voit encore de la lumière. Je suis en souffrance mais le dire est déjà l'accepter ...
Tto, malheureux
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