18 février 2021

Là haut sur la montagne

"Fermez les yeux et écoutez ma voix ... détendez-vous et équilibrez votre corps pour que chaque jambe repose sur le sol. Baissez les épaules, relâchez vous et écoutez ce qui va suivre. [un peu de silence] Vous marchez en pleine nature, vous êtes dans l'ascension d'un sommet montagneux. Il fait beau et vous arrivez au sommet avec un groupe de personnes avec lesquelles vous avez entamé l'ascension. Que ressentez-vous ? Que vous dit votre corps ? [dix secondes de silence] Au sommet, un groupe de randonneurs arrive dans l'autre sens. Que se passe-t-il ? Allez vous les voir ? Échangez-vous des paroles ? Que ressentez-vous ? [dix secondes de silence] Imaginons que vous devenez le plus grand de tous. Que ressentez-vous à ce moment là ? Que vous dit votre corps ? [dix secondes de silence] A présent, vous devenez le plus petit des personnes présentes au sommet. Que ressentez-vous ? Que vous dit votre corps ? [dix secondes de silence] Finalement, quelle est la configuration qui vous convient le mieux : être le plus grand ou le plus petit ? [dix secondes de silence] Enfin, toutes les personnes commencent à dévoiler des secrets personnels. Allez-vous faire de même ? Que ressentez-vous ? Comment votre corps réagit-il ? [une grosse quinzaine de secondes de silence] Avez-vous vraiment dévoilé vos secrets ? [dix secondes de silence] Vous pouvez rouvrir les yeux."

Voilà ce que j'ai fait lors de ma dernière séance de coaching.
Et qu'en ressort-il ? On va dire que beaucoup de choses assez significatives ont été notées.

Déjà, mon positionnement social a été mis en évidence assez vite : j'ai expliqué que l'environnement montagneux me convenait assez bien parce qu'en fait, même en groupe, la montagne force à être seul [sauf si l'on tombe sur un moulin à paroles dont je m’éloigne toujours assez vite]. Au delà du fait qu'au sommet on contemple aussi tout un environnement, la solitude relative permet le contact avec la nature et je reconnais avoir tendance, dans ces conditions, à me recentrer sur moi-même et laisser place à mon imaginaire ou une évidente introspection. Du coup, je ressors toujours assez brassé de ces séances où je me repositionne. La notion de groupe, c'est vraiment l'accessoire.
Tout accessoire qu'elle soit, elle s'impose néanmoins et, lorsque j'avais les yeux fermés, je me suis vu faire ce que je fais toujours : limiter beaucoup le dialogue parce qu'en dépit de l'image que l'on peut avoir de moi, je suis un grand timide qui ne va jamais vers l'autre. Il n'est pas légendaire de rappeler qu'amoureusement, je n'ai jamais fait le premier pas.

Au delà de cet aspect socialisant, la question de la variation de taille a confirmé aussi un point essentiel : je me préfère grand que petit, sans que j'y vois le moindre système de valeur. La question est que la petite taille induit dans mon esprit le besoin d'être protégé [même si je reconnais qu'elle permet aussi davantage d'agilité] alors que la grande taille suppose que l'on protège. Et cela résume beaucoup de choses chez moi : je suis un protecteur qui répugne à être protégé, alors qu'il hurle qu'il en a besoin [le paradoxe est fantastique, isn't it ?]. Oui, nous avons échangé sur le besoin de stature dans lequel je ressens davantage de confort. Mon coach m'a indiqué que c'était très signifiant et qu'il fallait en tirer les conséquences et, finalement, assumer cette position de leader qui est induite par le besoin de fédérer un groupe en le protégeant.

Enfin, sur les secrets, on a touché un point sensible parce que j'ai honnêtement expliqué qu'évidemment, je ne dévoilerai pas mes secrets. Avec une manipulation assumée, je ferais semblant en expliquant que j'ai mangé des vers de terre ou je ne sais quelle autre bouffonnerie d'usage qui permet d'esquiver. Mais au fond du fond, je ne dirai rien de ce que je tais depuis des années. Là, il m'a expliqué que cela induit des comportement en réponse : cela explique aussi que je ne suis pas lisible et que ne me livrant pas, je me prive d'avoir une plateforme d'échanges avec certains. Sauf que s'il y a une pierre angulaire de ma personnalité, c'est bien celle qui consiste à garder secret ce qui doit l'être ou qui m'a été confié comme tel. A la question du fait que je n'assumerais pas ces choses cachées, j'ai expliqué que ce n'est pas le débat : j'assume tout, y compris ce que je cache et qui n'est pas glorieux. Je peux en répondre à n'importe quelle occasion. C'est juste que j'ai considéré que cela ne devait pas être dévoilé soit définitivement soit jusqu'à ce que les conditions soient propices. C'est aussi ce qui fait que je suis une tombe et que je suscite la confession. Et c'est là que mon coach m'a indiqué qu'il était surpris que ce soit le cas parce que normalement, on ne se confie pas à quelqu'un qui ne dévoile rien. La nuance est toujours d'importance : je ne dévoile pas rien, je dévoile du cosmétique pour permettre la confession et éviter de parler du reste. "Vous êtes pétri de stratégie" m'a-t-il répondu, amusé. J'ai terminé l'explication en soulignant une chose : ce n'est pas parce qu'une dynamique de groupe impose de se dévoiler que je vais y souscrire. Et c'est même souvent ce qui, par réflexe, va m'inciter à faire le contraire. Je ne suis pas un mouton de Panurge. Je le sais, j'ai un vrai problème avec les élans collectifs ...

Tto, qui aime bien être au sommet malgré un vertige paralysant [paradoxe, quand tu nous tiens]

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