Je regardais hier un beau documentaire sur l'épopée olympique et sa mue dans la société du sport spectacle et des dollars. Evénement indubitablement politique autant que sportif, les Jeux Olympiques s'ouvriront demain [12h35 sur France 2 compte tenu du décalage horaire].
Oui politique parce que la rétrospective permet clairement de remettre en perspective l'intérêt politique des Jeux dans la Grèce d'alors, la renaissance du concept antique par le baron de Coubertin, l'utilisation des symboles au travers des années folles et meurtrières du début du XXème siècle puis les marchands du temple se sont emparés de l'idéal pour en faire une énorme machine commerciale qui creuse les déficits des accueillants tout en permettant à Coca-Cola et les chaines de télé d'aligner les zéros avec des chiffres qui n'ont plus beaucoup de sens.
D'ailleurs, depuis Rio [et avant Athènes], l'idéal olympique en a pris un coup quand on envisage ce qui reste une fois que la flamme s'est éteinte. Des stades à l'abandon, des infrastructures qui semblent être aussi robustes qu'une décoration de Valérie Damidot et des milliards de dollars dépensés pour une folle quinzaine quand, juste à côté, la misère force les gens à ivre dans des bidonvilles qu'il est de bon ton de ne pas montrer à la télévision puisque le gros téléspectateur américain n'aime pas qu'on lui rappelle qu'il y a de la misère dans le monde alors qu'il s'empiffre de soda et de chips.
N'empêche, les Jeux Olympiques sont toujours une fête et je me réjouis encore de l'ouverture de ceux-ci parce que je sais qu'on va voir des sports qu'on voit trop peu et que je vais me gaver d'athlétisme. Sauf que ... le cru de cette année promet d'être spécial du fait de l'hostilité profonde des tokyoïtes qui ne voient pas d'un si bon œil l'arrivée du barnum olympique à une période où flambent les foyers épidémiques. C'est un peu ça qui fait bizarre : alors que le monde s'enfonce dans la peur de nouvelles vagues toutes plus inéluctables les unes que les autres, on va faire sa fête au sport et dans le meilleur esprit. Et tout cela, sans public mais le CIO a promis qu'il y aurait des bruits d'ambiance. Moi ça me va, je n'ai jamais trouvé à redire aux rires en boite mais peut-être que pour une finale du 100 mètres, ça va me faire étrange qu'il n'y ait pas l'effervescence et la tension extrême qui sied aux secondes précédant le départ. De toute façon, c'est ça ou rien du tout ... on a déjà un an de retard [cette année de retard qui aura coûté plus de deux milliards de dollars à l'organisation faisant passer le budget total à plus de 13 milliards de dollars pour 6,5 milliards initialement prévus].
Alors voilà, c'est la veillée d'arme, c'est bientôt le début et c'est le bordel. Mais la fiesta démarre bientôt sur les écrans, en décalé parce que les fuseaux horaires ne nous arrangent pas vraiment cette fois-ci. 42 sites de compétition sont répartis dans sept villes différentes : Tokyo, Sapporo, Fukushima, Sendai, Saitama, Kashima, et Yokohama ... euh oui Fukushima. C'est de là que la flamme olympique est partie et ce n'est pas un hasard parce que les Jeux doivent être ceux "de la reconstruction, pleins et entiers" selon Shinzo Abe une décennie après le tsunami et l'accident nucléaire de 2011. Au total, 33 sports et 48 disciplines seront à l'honneur parmi lesquelles cinq nouvelles : le surf, le karaté, le skateboard, l'escalade et le basket 3x3. J'ajoute que le softball fait son retour après 15 ans d'interruption. Au total, 206 délégations iront aux Jeux dont 54 pays d'Afrique, 48 d'Europe, 45 d'Asie, 41 des Amériques, 17 d'Océanie. Les États-Unis [620 athlètes], le Japon [590 athlètes] et l'Australie [471 athlètes] sont les trois nations les plus représentées.
Curiosité aussi ... le logo des Jeux. Initialement, le logo de gauche devait servir ... jusqu'à ce que le théâtre de Liège hurle à la contrefaçon et force l'organisation nipponne à trouver autre chose. Un concours international a été lancé et c'est le logo avec les damiers , le cercle en rappel au soleil levant, et les lignes de départ et arrivée qui a été choisi.
Je te présente les deux mascottes des Jeux ... [non non, ce n'est pas genré du tout du tout ...] mais ça pourrait presque devenir une nouvelle déclinaison de Pokémons.
Fait unique dans l'histoire des Jeux Olympiques, Toyota, Panasonic, Fujitsu [les principaux sponsors] décident de se retirer de la cérémonie d'ouverture jugée désormais "toxique" pour leur image. Comme les problèmes n'arrivent jamais seuls, Comme si cela ne suffisait pas, le comité d'organisation des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 licencie la veille de la cérémonie d'ouverture son directeur du spectacle, Kentaro Kobayashi, après qu'il ait appris des blagues antisémites prononcées en 1998 par l'intéressé. Ce limogeage intervient après la démission du compositeur de la musique de cette même cérémonie d'ouverture, Keigo Oyamada, alias Cornelius, quelques jours plus tôt qui avait reconnu avoir harcelé des enfants handicapés pendant sa scolarité. Sympa non ?
Pour la seconde fois de l'histoire des Jeux, l'Équipe olympique des réfugiés participera à la compétition. 29 athlètes aux parcours atypiques ont choisis de concourir sous bannière et le drapeau olympiques pour signifier leur statut politique au monde entier. Neuf sont originaires de Syrie, cinq d'Iran, quatre du Soudan du Sud, trois d'Afghanistan, deux d'Érythrée, avec aussi un réfugié pour le Cameroun, le Congo, la République démocratique du Congo, l'Irak, le Soudan et le Venezuela. À nouveau, l'attention se portera aussi sur la délégation russe qui, en raison de l'affaire de dopage qui secoue le pays depuis 2014, est officiellement exclue de la compétition par l'Agence mondiale antidopage et le Tribunal arbitral du sport avec l'aval du CIO. Pourtant, 335 athlètes russes ont l'autorisation de participer à la compétition sous bannière neutre (le drapeau et l'hymne national russes ne seront pas autorisés) et sous le nom de Comité olympique de Russie (ROC).
Bref, que la fête commence !
Tto, qui s'olympise
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