15 avril 2021

V'en ai plein la bouffe

starving

S'il est un bilan à tirer d'une année de confinement plus ou moins intense [mais quand même plus que moins], c'est bien que la bouffe est un problème.

Au delà de l'inévitable problème dont tu suis, tous les mois, l'évolution dramatique sinon tragique [adepte des plans pieds, tu serais ravi d'être réincarné en balance de moi : je pèse lourd chaque jour davantage] de mon poids, il y a aussi une prise de conscience de tout un tas de choses. Certes, la prise de poids est conséquente et procède inévitablement du fait que je marche 10 fois moins que d’ordinaire, que je fais quatre fois plus de gâteaux et de desserts parce qu'il faut bien s'occuper dans la cuisine et que le stress trouve un palliatif dans la synthèse du sucre voire, plus largement, des calories ingurgitées. Clairement, la période actuelle est un petit Himalaya de stress, surtout quand tu commences un nouveau métier pile quatre semaines avant le premier confinement.: du coup, je descends les sucreries par kilos, les rillettes et les frites par quintaux et mes jeans ont pris la fâcheuse habitude de rétrécir au lavage, ce qui explique que j'adopte une tenue décontractée pour télé-travailler.

Tout cela, c'est presque connu, documenté et partagé par le plus grand nombre. Ajoute à cela le fait que je méprise copieusement le vélo elliptique.

Et puis il y a les nouveaux rituels.
L'apéro visio, c'est quand même la meilleure façon de bouffer des cochonneries grasses et salées en buvant de l'alcool pendant plus de deux heures. la semaine dernière, Zolimari s'est dit que c'était une super idée de nous faire du pâté en croûte. Et vlan, on est tellement au point de rupture que ça nous a balayé le bide pendant deux jours.
Le petit déjeuner, c'est devenu aussi un rendez-vous important : allez hop, vive les tartines de pain avec du beurre demi-sel et de la confiture de fraises. Sauf que la balance, elle n'aime pas trop.
Parce que je me la joue healthy, j'ai décidé de bannir les desserts industriels [j'attends tes félicitations]. Sauf que cela me force à redoubler la cadence des home-made desserts. Et vas-y que je fais des crêpes, des muffins, des cookies, des gaufres, des cheesecakes, des charlottes au chocolat, des saladiers de riz au lait qui ne survivent même pas 24h, des entremets, des flans libanais, des panna cottas avec coulis de framboise maison, des mousses au chocolat ... si tu voyais mon Bergamot, tu serais horrifié : il n'y a que des desserts [ou presque ... 3 recettes de salé seulement sur une vingtaine]. M'enfin, tout ça c'est quand même mieux que les crèmes au caramel Bonne Maman que Zolimari s'enfile au kilomètre. Enfin, on va dire que c'est moins pire ...

Et puis, il y a le nécessaire soutien à l’économie dis donc : on commande vachement aux restos pour soutenir leur activité. Alors ? Elle est où la médaille de citoyenneté exemplaire devant conduire à l'érection d'une belle statue aux mensurations botteresques ? En réalité, je rigole parce que le geste est citoyen certes mais il procède surtout de l'impasse et de l'usure consistant à savoir ce que l'on va manger. Comme Zolimari n'aime pas grand chose [ah ça ... pas de fromage, pas de poisson et des goûts particuliers aussi comme pas de plats en sauce ... quelle ironie], je peux te dire que je pourrais presque devenir actionnaire de Barilla pour me faire rembourser. Sauf qu'au bout d'un moment, le Quinoa, le riz et les pâtes je n'en peux plus. donc, j'ai réintroduit les pommes de terre et du coup, on n'a plus mangé que cela. Des burgers végétaux aussi mais c'est devenu trop rituel. Donc ça me saoule. du coup, j'ai réintroduit les œufs donc dès que c'est la panne sèche, il se lance dans ue omelette [m'appelant à la rescousse parce qu'il ne sait jamais quand elle est cuite ou comment la servir]. Sauf qu'au bout d'un moment, on tourne en rond et comme il ne peut plus manger de charcuterie sinon il fait de la goutte [oui je sais, c'est sexy], ça devient compliqué parce que je hurle quand je vois un plat préparé. La semaine dernière, il a failli avoir un orgasme parce que j'ai fait un hachis parmentier, tu vois le genre. Donc ... quand le désespoir pointe le bout de sa fourchette, on se rabat sur les livraisons. Ca tombe bien, y a un japonnais tenu par des chinois [oui, je sais ...] en bas de chez nous. Mais si j'écoutais Zolimari, j'en boufferais tous les deux jours du jap' ... et le japonnais, ça fait grossir ! Ainsi, j'ai lancé la livraison de libanais avec l'énooooorme plateau de spécialités mais je roule au bout d'un moment. Là, j'ai trouvé un thaï pour voir ce que cela donne ... Et je t'ai parlé de la pizza hebdomadaire qu'on a fini par retourner chercher chez les racailles pizzaioli ? 

Il n'en demeure pas moins que le repas est devenu un vrai problème : outre qu'il fait grossir, on ne sait finalement plus quoi manger et, je le reconnais, cela me met de mauvais poil quand la question se pose à 20h30 parce qu'il vient d'arrêter de bosser et qu'il n'y a plus d'autre solution de repli qu'une boite de conserve de lentilles. Du coup, je me venge sur une tablette de chocolat à minuit en regardant des mecs avec des ventres plats comme je n'aurai jamais. Non le vrai problème, c'est que la nourriture n'est finalement plus un plaisir mais devenu une routine comme je ne l'avais pas perçu auparavant.

Tto, aux fourneaux et engrossi

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