C'est finalement au moment où je suis perclus de douleurs, quasi insupportables, qui réduisent ma mobilité et la font assimiler à celle d'un petit vieux de 95 ans, que je vais te parler de ... douleur ! Ne va pas croire que tout est calculé : là pour le coup, je serais plus fort que je ne le suis en réalité. Mais voilà, en préparant la grille d'été, j'avais prévu de parler de douleur ce matin dans le premier Cabinet de curiosités. Ne dérogeons pas ... et allez hop, on va aller se faire mal.
Rassure-toi, pas question de parler du masochisme ou des formes d'atteinte du plaisir [ou d'un plaisir] par le biais de la souffrance. L'angle du Cabinet de curiosités d'aujourd'hui consiste surtout à mesurer et évaluer la douleur. A une époque où tout le monde t'explique que tout est fait pour pour pallier le sentiment de douleur, évacuer cette impression de souffrance, il n'en demeure pas moins vrai qu'il en reste et pas des moindres. Aussi, l'étude de l'université de McGill, au Canada, m'a attiré l'oeil.
Cette étude repose sur le MPQ, le McGill Pain Questionnaire. Il s'agit d'un outil d'évaluation de la douleur en trois parties qui mesure plusieurs dimensions de l'expérience de la douleur du patient. La première partie consiste en un dessin anatomique de la forme humaine sur laquelle le patient marque l'emplacement de sa douleur. La deuxième partie permet au patient d'enregistrer le niveau d'intensité de sa douleur actuelle. La troisième partie est un inventaire des descripteurs verbaux de la douleur composé de 72 adjectifs descriptifs. Le patient est invité à examiner une liste de descripteurs de douleur et à encercler ceux qui servent à décrire au mieux son expérience de la douleur. Chaque partie du MPQ est notée individuellement et un score total cumulé est également enregistré. Pour fastidieux que cela puisse être quand on souffre, l'univeristé montréalaise a établi un questionnaire abrégé sur la douleur, le SFMPQ, afin de fournir un instrument qui pourrait être complété en moins de temps que le MPQ mais qui refléterait toujours les dimensions sensorielles et affectives de la douleur. Le SFMPQ se compose de 15 descripteurs du MPQ qui ont été choisis par plus de 33% des patients souffrant de neuf syndromes douloureux différents, notamment maux de tête, lombalgies, arthrite et douleurs dentaires . Sur les 15 descripteurs, 11 proviennent de la section sensorielle du MPQ et 4 de la section affective. Chaque descripteur est classé sur une échelle d'intensité de 0 [aucun], 1 [léger], 2 [modéré] et 3 [grave]. La notation se fait en ajoutant les classements des descripteurs, bien que les descripteurs sensoriels et affectifs puissent être notés séparément.
De ce travail empirique, on a retiré quoi ? Et bien une échelle !
En effet, il a été établi une échelle des douleurs les plus intenses chez l'être humain, de la plus tolérable (10) à la plus insupportable (01). Aujourd'hui, le Cabinet de curiosités te propose de descendre de la plus à la moins supportable l'échelle des douleurs :
10. La névralgie du trijumeau : également nommée "névralgie trigéminale", "névralgie essentielle du trijumeau", "névralgie faciale", ou encore "névralgie épileptiforme", c'est une affection connue depuis le milieu du XVIIème siècle. Correspondant à une crispation de la face sous l'effet de la douleur, elle est constituée par une atteinte du nerf trijumeau, cause fréquente de céphalées aiguës paroxystiques et récidivantes. Elle entraîne des douleurs majeures, qui peuvent être très handicapantes et sources d'une détresse psychologique majeure dans les cas sévères.
09. La migraine : bien connue de ceux qui en sont sujets, cela laisse envisager que la suite du classement va être réjouissante !!! C'est un type de céphalée [un mal de tête] chronique fréquente, invalidante, caractérisée par des maux de tête et des nausées. La migraine est trois fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Elle dure généralement entre 4 et 72 heures selon sa sévérité et les symptômes incluent nausées, vomissements, photophobie [grande sensibilité à la lumière], ou encore phonophobie [grande sensibilité au son]. Les symptômes s'aggravent généralement à cause des activités physiques.
08. Colique néphrétique : alors là, tu dérouilles c'est clair. Elle se manifeste par une douleur aiguë, unilatérale et lombaire. Elle est le plus souvent due à la présence d'un calcul dans l'un des 2 uretères. Si la crise s’accompagne de certains symptômes, elle doit amener à consulter en urgence. La crise de colique néphrétique survient souvent après un voyage récent et prolongé, un séjour en pays chaud, un travail en ambiance surchauffée, une immobilisation prolongée (après une maladie par exemple), ou encore une activité sportive et une consommation insuffisante d'eau. Les symptômes ? Une douleur intense qui apparaît de manière brutale, plutôt le matin et la nuit, une douleur qui naît dans le dos, descend et tourne vers l'abdomen, l'aine et les organes génitaux, une douleur qui se localise d'un seul côté car l'obstacle est présent dans les voies urinaires soit à droite, soit à gauche. Elle est brève mais répétée, suivie de périodes d'accalmie souvent incomplète. Une douleur sourde persiste souvent entre deux épisodes de douleurs aiguës. Aucune position ne parvient à soulager et, en bonus, on ajoute des nausées, des vomissements, du ballonnement abdominal causé par l'accumulation de gaz intestinaux, des troubles urinaires allant jusqu'à la présence de sang dans les urines, un peu de fièvre si la situation se complique. Le tout dure de 10 minutes à plusieurs heures.
07. La fibromyalgie : c'est un cocktail de douleurs chroniques durant des années, de fatigue injustifiée et des troubles du sommeil. Appelée aussi fibrosite, syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID) ou polyenthésopathie, la fibromyalgie est une maladie chronique, mal reconnue et de traitement difficile. Elle est fréquente [environ 2% de la population] avec une grande prédominance féminine puisqu'on compte 8 femmes pour 2 hommes touchées. La fibromyalgie débute en général vers la trentaine. La douleur chronique évoluant au moins depuis 3 mois est un signe essentiel. Elle est associée à une fatigue intense dès le matin, sans relation avec les efforts, mais aggravée par ceux-ci et un sommeil non réparateur. La fibromyalgie tend à se stabiliser avec le temps. Elle n'entraîne jamais de paralysie : pas de risque de fauteuil roulant, quelle que soit l'intensité de la douleur.
06. La polyarthrite rhumatoïde : c'est la cause la plus fréquente des polyarthrites chroniques. C'est une maladie dégénérative inflammatoire chronique, caractérisée par une atteinte articulaire souvent bilatérale et symétrique, évoluant par poussées vers la déformation et la destruction des articulations atteintes. Le diagnostic peut en être malaisé en début d'évolution, faute de signe clinique spécifique et de constance des signes biologiques et à cause du retard d'apparition des érosions articulaires radiologiques ou de leur lente évolution. La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune qui semble avoir des origines parfois génétiques et parfois environnementales, ou les deux. Moi je suis content : je sais que je vais y avoir droit puisque je suis porteur du gène de la maladie et que mon père en est atteint ...
05. La maladie de Crohn : c'est une maladie inflammatoire chronique du système digestif [touchant le gros intestin], qui évolue par poussées ouvcrises et phases de rémission. Elle se caractérise principalement par des crises de douleurs abdominales et de diarrhées, qui peuvent durer plusieurs semaines ou plusieurs mois. Fatigue, perte de poids et même dénutrition peuvent survenir si aucun traitement n’est entrepris. Dans certains cas, des symptômes non digestifs, qui touchent la peau, les articulations ou les yeux peuvent être associés à la maladie. L’inflammation peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus. Mais le plus souvent, elle s’installe à la jonction de l’intestin grêle et du côlon.
04. L'amputation d'un doigt : bon bah là ... tu vois à peu près de quoi il retourne mais j'attire ton attention sur le fait qu'il ne s'agit pas forcément que de la main ... les pieds font aussi [et surtout] particulièrement mal selon les études.
03. L'accouchement : ah ah oui, la péridurale a du bon et pour cause puisque dans l'échelle des douleurs, l'accouchement est donc sur le podium ! Dans l'échelle également, cela fait donc moins mal de se faire amputer un doigt, d'avoir une colique néphrétique que d'accoucher. C'est dire si on jongle quand on donne la vie ...
02. Une piqûre de Paraponera : ah oui, tu as besoin d'un peu d'explications. La paraponera est un genre de fourmi de la sous-famille des ponerinae et de la tribu des paraponerini. Elle vit dans les forêts tropicales, du sud du Nicaragua jusqu'au Paraguay. Une fourmilière de paraponera est constituée de quelques dizaines de fourmis jusqu’à une centaine d’individus, ce qui n'est donc pas beaucoup mais elles sont extrêmement agressives parce qu'elles n'hésitent pas à attaquer quand elles sont dérangées, ce qui est très impressionnant étant donné la grande taille des fourmis, soit 18-25 mm. Le nid se situe généralement à la base du tronc d'un gros arbre, entre les racines. Elles chassent individuellement sur toute la hauteur de l’arbre, à la recherche de proies, et aussi au sol, aux alentours du nid. Ce sont des fourmis essentiellement insectivores mais qui se nourrissent aussi de sève de plantes et de nectar. La fourmi est appelée "fourmi balle de fusil" en raison de sa piqûre extrêmement douloureuse, comparée à un coup de fusil. Elle possède, pour se défendre, un long dard ; la piqûre est très douloureuse pour l'humain et son effet est instantané. La poneratoxine [un neurotoxique] et de l'acide formique est présent dans le venin ce qui le rend particulièrement efficace. On l'appelle aussi "la fourmi 24 heures" pour signifier la durée des douleurs ressenties, mais, en fait, selon l'endroit où l'on est piqué, le temps de la douleur de la piqûre varie. La douleur qui irradie dans tout le membre touché, parfois accompagnée de spasmes, peut durer plus de six heures. Très intense au début, elle diminue avec les heures. Dans l'échelle de la douleur de Schmidt; la piqûre est décrite comme pure, intense, brillante. Du pur bonheur ...
01. Le syndrome douloureux régional complexe : on est au top. Le syndrome douloureux régional complexe [anciennement appelé "algodystrophie"] est une affection rare qui touche préférentiellement une extrémité comme la main, ou le pied. Il se développe le plus souvent dans les semaines qui suivent un traumatisme ou un accident vasculaire cérébral. Il s’agit d’une entité syndromique dont le diagnostic repose sur des critères précis, dits de Budapest, excluant toute atteinte expliquant mieux les symptômes. Il peut s’agir de douleurs neuropathiques, de syndromes déficitaires moteurs, sensitifs superficiels ou profonds. Certains symptômes vont jusqu’à évoquer une négligence sensorimotrice [une sensation d’éloignement, de membre étranger, perte du contrôle perceptivomoteur], voire des troubles de la représentation spatiale avec des représentations corporelles anormales, des distorsions, des décalages de latéralité. Le traitement doit être précoce. La restauration fonctionnelle par physiothérapie ou ergothérapie en est le cœur, associée à une psychoéducation.
Aujourd'hui tout va bien ? Bah tu vois ... pas de raison de se plaindre !
Tto, qui n'aime pas avoir mal [et est contre la guerre]
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