C'est sur une petite île d'environ 1 km² située entre le continent et l'île de Čiovo que le carnet de voyage nous transporte cette semaine ... une petite île où se dresse une ville pétrie de 2.300 ans d'histoire dont témoignent encore de nombreux édifices, pavés et perspectives en plein coeur de l'Europe.
Oui, la situation géographique de Trogir est à ce point unique qu'elle a favorisé l'émergence d'une ville aujourd'hui peuplée par près de 13.000 habitants, submergée par les touristes l'été et on comprend pourquoi : elle a un charme fou.
Tragurion [venant de l'ancien grec "Τραγύριον" qui signifie l'île aux boucs] fut fondée au IIIème siècle avant. Jesus-Christ par des grecs venus de la colonie d'Isa sur l'île proche de Vis. Ce petit comptoir grec cohabita harmonieusement avec les occupants illyriens jusqu'à l'arrivée des romains qui firent de Tragurium un port actif, du fait de son ouverture exceptionnelle sur la mer Adriatique. Par l'essor de la ville de Salone, Trogir connut alors une crise économique majeure. Entre les Vème et VIIème siècles, l'île-cité échappa aux invasions barbares des avars et des slaves, qui s'étaient défoulés sur la côte dalmate ... entraînant ainsi l'arrivée massive à Trogir de migrants de Salone [ville complètement détruite en 615 par les avars, les habitants se réfugiant alors au Palais de Dioclétien de Split]. S'étant mise ensuite sous la protection de l'Empire byzantin, Trogir se soumet aux suzerains croates dès le IXème siècle. Le diocèse de Trogir fut fondé au XIème siècle et en 1107, la ville reçut une charte du roi Coloman de Hongrie, qui lui octroya son autonomie communale. Détruite entièrement par les sarazins en 1123, Trogir retrouva cependant sa prospérité économique, accueillant même le roi Béla IV de Hongrie, fuyant les tatars. En 1420, les vénitiens débarquent et entament une longue période de domination jusqu'en 1797 où Trogir entra alors dans l'Empire Habsbourg qui contrôla la ville jusqu'en 1918. Pendant la période vénitienne, Trogir devient un port de commerce important pour le bois destiné à la construction navale et aux digues de Venise. Ville forteresse, elle était aussi un îlot catholique face à l'orthodoxie ou à l'islam environnants. Une parenthèse française est à noter, de 1806 à 1814, à la faveur des conquêtes napoléoniennes. A la sortie du premier conflit mondial, Trogir, comme la Croatie, fut intégrée au sein du Royaume des serbes, croates et slovènes, plus tard dénommé Royaume de Yougoslavie. Occupée par l'Italie au cours de la Seconde Guerre mondiale, les habitants étaient essentiellement pour les alliés, de sorte que la ville fut libérée dès 1944.
Pour autant, pourquoi aller à Trogir ?
Trogir est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997 parce qu’elle possède la plus belle ville médiévale de la Dalmatie. Sa splendide Vieille Ville avec les rues pavées, ses magnifiques palais, sa belle cathédrale romane, la belle Pinacothèque en font un lieu de villégiature assez unique. A 30 km à l’ouest de Split, et à 46 km au sud-est de Sibenik, la ville est aussi un point de convergence ... rendant la circulation [et le stationnement] particulièrement ardue : la ville est principalement piétonne. L'été, les rues fourmillent de touristes mais aussi d'ambiance et d'attractions diverses, donnant à la ville une ambiance festive ... renforcée en cela par l'air de la mer et la chaleur des montagnes qui l'entourent. L'affluence oblige aussi à adapter ses visites : il est préférable de visiter la ville quand elle est encore endormie, la matin et, de préférence, en avril-mai ou à partir de septembre tant l'affluence touristique peut être décourageante.
Alors, il serait dommage de se priver d'une visite de Trogir.
La Cathédrale Saint-Laurent date du XIIIème siècle et c'est l’une des plus belles cathédrales de la Croatie, avec celle de Sibenik. Une bonne partie date du XVIIème siècle mais il faut admirer le portail principal qui est un chef-d’œuvre de l’art roman croate. Le baptistère, synthèse du style gothique et renaissance, mérite aussi l'attention et à l'intérieur, la chapelle funéraire est de style renaissance. Au surplus et cela ne gâche rien, du clocher, tu auras une vue panoramique de la vieille ville.
Dans l’église de Saint-Jean-Baptiste, on trouve une pinacothèque centrée sur l’art sacré avec tableaux et statues, comme des oeuvres du peintre Blaz Jurjev [trogiranin] ou de Gentile Bellini.
Le monastère Saint-Nicolas a été fondé en 1046 et fut occupé au XVIème siècle par les bénédictines. Il possède un cloître renaissance splendide et l'on trouve au sein du monastère l’un des plus rares bas-reliefs helénistiques qui représente Kairos.
La Place Jean-Paul-II est la grand place de la vieille ville de Trogir entourée d'édifices remarquables comme la cathédrale, le palais Cipiko, l’Hôtel de ville installé dans l’ancien palais des recteurs, la tour de l’Horloge et la belle loge du XVIème siècle, le passage voûté de la rue Gradska, l’église Sainte-Barbe avec entrelacements romans sur le portail.
Quitte à te promener, il faut aussi arpenter la Riva qui est une belle promenade maritime sur le rivage sud de l’île, avec des vues sur la mer et l’île de Ciovo. Les terrasses, cafés, et concerts gratuits le soir sur la belle place Radovanov, derrière la cathédrale sont d'un charme étourdissants et donnent l'mpression d'une époque différente tant c'est désorientant. Les élégantes façades du XVème au XIXème siècles complètent le tableau.
A Trogir, il faut aussi vaquer sur les remparts près de la Porte de la Mer. A l’ouest de la Riva, l'imposante forteresse de Kamerlengo construite par les Vénitiens demeure un point de vue exceptionnel qui permet, l'été, de donner des spectacles. De ces remparts la vue de la ville est magnifique.
Tto, qui garde un souvenir magique de cette soirée et cette nuit passées à Trogir
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