Des préliminaires pour les mecs aussi

C'est devenu une rengaine pour beaucoup et pourtant, malgré le fait que la répétition fixe la notion, il faut bien avouer que cela met du temps à rentrer dans le ciboulot du garçon hétéro : les femmes attendent des préliminaires. Ce n'est pas qu'elles aient besoin de chauffer comme des diesels mais voilà, elles ont besoin de préliminaires. Du coup, en disant cela, on martèle a contrario que les garçons non. Un mec, t'appuie sur un bouton et hop, le gros gourdin est de sortie et youpi ... en avant pour 45 minutes de chevauchées fantastiques. Cette conception automatique des choses commencent enfin à prendre fin.

A longueur de films, de séries, de livres, de vidéos ou que sais-je encore, l'homme bande forcément, naturellement et immédiatement. Besoin de l'exciter ? Tu plaisantes j'espère ... il ne transpire pas de désir, il est le désir. Sauf que dans la vraie vie, cela ne se passe pas vraiment de la même façon. Et les hommes [homo comme hétéro] qui ont besoin d'être préparés, excités, caressés, échauffés, touchés un peu partout sont bien désemparés parce que cela ne colle avec l'image écrasante du mâle sur la béquille en (s)permance. La culture populaire rend donc les préliminaires inutiles pour les hommes ... déjà qu'ils sont à peine reconnus pour les femmes. 

Et c'est là que se pose le problème : l'enquête IFOP/Charles.co publiée en 2019 sur la sexualité des français a mis en évidence le fait que 61% des hommes ont déjà eu des problèmes d'érection. Problèmes érectiles liés à l'âge ? Bah non justement ! Tous ne traversent pas non plus une période de stress, tous ne sont pas drogués au Xanax ... en revanche, tous ont manifestement des partenaires qui ne font pas attention à leur désir, ou qui considèrent ce désir comme acquis. Le postulat social du mec qui bande a la peau dure mais pas forcément le sexe des hommes.

Maia Mazaurette expliquait à ce sujet que le fait de confisquer la sensualité aux hommes en en chargeant directement les femmes qui en auraient le privilège exclusif n'est pas pour arranger les choses. Dans la liste des zones érogènes, les femmes en énumèrent beaucoup plus que les hommes, alors même que les corps de deux genres ne sont pas fondamentalement différents. De plus, les conseils donnés aux femmes pour donner du plaisir aux hommes se focalisent sur le pénis, en incluant parfois les testicules … mais le reste du corps n'existe pas. Du coup, les hommes sont réputés être insensibles au delà de leur membre ... du coup, ceux qui mettent en avant cette sensibilité ou le désir d'être excités par les tétons, le cou ou le derrière des genoux [si si, ça existe] sont considérés comme peu virils parce que ne répondant pas aux critères. 

La presse féminine encourage pourtant régulièrement à réfléchir au plaisir des hommes, même si l'idée qu'ils bandent spontanément dans n'importe quelle circonstance demeure là aussi un postulat. Sauf que les femmes n'osent pas, comme certains hommes entre eux au motif que voilà être émoustillé physiquement ou préparé serait plus féminin. Du coup, la concentration sur le pénis de l'évaluation barométrique du désir rend malheureux et prive les hommes de tout un tas de zones érectiles s'il en est ... pas besoin de rappeler le tabou des caresses anales chez les hommes hétéros.

Aussi ... comment s'en sortir ?
Déjà, il faut parler ... dire que l'on veut être excité en se faisant lécher les pieds par exemple ... Expliquer gentiment que tout ne passe pas par le pénis, ou par un mouvement de piston frénétique sur l'engin, c'est déjà bien. 
Ensuite, il faut arrêter de penser que le seul préliminaire nécessaire pour un homme est une pipe. Dieu merci, il y a bien d'autres choses ... et que l'on peut pratiquer sans pour autant stimuler le bambou magique. Quoi donc ? Un massage, une conversation érotique, un câlin, s'attacher les mains, laisser une bouche parcourir un épiderme ... oui oui, il y a plein de choses.
Une fois qu'on s'est lancé, il faut aussi que le sujet des attentions soit un peu démonstratif et ne joue pas le gros tas de viande qui ne ressent rien, voire qui fait autre chose comme regarder son téléphone. Rien n'est pire que l'indifférence ... 
Si les choses ne se passent pas exactement comme espéré, on peut aussi expliquer et jouer d'un peu de pédagogie. Personne ne maîtrise complètement les interdits ou blocages hérités de l'éducation ou du passé ... du coup, c'est plus intelligent d'essayer de montrer que rien n'est grave ou sale plutôt que de se braquer et de rester sur des schémas peu épanouissants. 

 

Tout ce qui tourne autour de la pénétration et plus généralement au-delà du seul pénis peut donc être envisagé à condition que cela fasse démarrer puisque c'est précisément cela le but. déshabillages, caresses, massages, griffures, morsures, bondage, jeux de pression, douches, bains, confessions, costumes … la liste est longue comme ... bah oui, longue comme ça !

Tto, qui se demande comment font les hommes qui ne font jamais de préliminaires

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