23 août 2020

La première fois que j'ai regardé un film porno

 

2019 - BEST OF

Première publication : le 4 novembre 2018

Le minitel est un marqueur générationnel [à l'instar de la cassette audio, du bibop, de Groquick pour le Nesquick ou que sais-je encore] mais que dire du brouillage de CANAL+ et du fait que toute une éducation sexuelle s'est faite en s'abîmant les yeux devant des images brouillées et un son de boite de conserve [oui oui, plus pénible que Cher qui chante] ?

CANALPLUSEt que regardait-on de la sorte ? Le fameux film porno de Canal, celui du premier samedi du mois. Seule porte ouverte de la pornographie sur l'univers mainstream de la communication moderne, c'était le rendez-vous et franchement, ne rien comprendre aux dialogues n'a jamais tué un bon film pornographique.

S'il est encore un marqueur générationnel en plus de celui d'avoir regardé son premier film porno en brouillé sur CANAL+, j'en rajoute un : il y avait Brigitte Lahaie dedans !

Une fois que l'on a dit cela, que le décor est ainsi planté, on a tous fait ce que je fis jadis.
On a tous trouvé une cassette vidéo, on a tous enregistré le film en question, on a tous attendu de pouvoir le regarder seul à la faveur d'un après-midi où le collège nous avait laissé vaguement tranquille et il nous est tous arrivé la même chose.

Je me souviens assez bien du film. Brigitte Lahaie était auto-stoppeuse. Elle était prise [!!] en pleine nuit par deux gaillards dont l'incontournable Richard Allan et, accompagnée par une amie, ça dérivait assez vite en partie fine qui n'avait de fine que ce mot. Rejointe par une autre, l'équipée sauvage s'en donnait à coeur joie tandis qu'on découvrait ensuite que la dernière était en réalité un homme dont la perruque avait glissé tandis qu'un des mecs lui prenait la tête pour que la fellation fut mieux administrée. C'est surtout cette première scène qui m'a considérablement marqué : les sexes étaient bien éclairés, les filles se donnaient sans retenue et cette pincée d'homosexualité avait de quoi ouvrir de grands horizons pour l'adolescent bouillonnant que j'étais à l'époque.

En préparant ce billet rétrospectif d'émois qui seront renouvellés par la suite, je me suis replongé dans cet atmosphère si particulière des films pornographiques français des décennies 70 et 80 où Lahaie comme Allan se firent des couilles en or [immanquable] mais où l'on retrouvait une empreinte, une vision moins athlétique et industrieuse qui mine le genre depuis les années 90 que ce soit dans des labels californiens ou chez Dorcel, que l'on prenne des acteurs locaux ou caucasiens, qu'il s'agisse de porno hétéro ou gay. Oui, je suis nostalgique des scènes que j'ai maintes fois regardées où il y avait un peu plus d'humanité qu'une chorégraphie désormais sans surprise où la fille sait déjà qu'elle finira en faciale après avoir été démontée par tous les trous et si elle peut être en sueur et avoir des yeux révulsés pour simuler l'orgasme de 4 minutes 22 qui figure au cahier décharge euh des charges, ce serait bien. Franchement, il y avait davantage de sel à voir la caméra de Joseph Bénazeraf s'attarder sans complexe sur les corps des actrices mais aussi les sexes des hommes dont il ne magnifiait pas tant que cela la position machiste.

A la réflexion, je me suis toujours félicité que mon premier porno eut été celui que je vis. Ca fait vieux con au moment où l'on envisage que les premiers élans se font aujourd'hui avec Snapchat ou par sextos, mais je suis content que tout cela se soit passé en catimini, en rusant un peu, en cachant bien précieusement la cassette, en devinant les notes jazzy-funk des bandes originales des films du genre qui n'avaient rien à envier à une play-list de FIP quand on était bloqué sur le périphérique ... je ne dis pas que c'était le paradis pour les filles qui se faisaient démonter, mais il y avait un parfum artis-anal [oh la la, je l'ai casé aussi celle-là] qui me fait défaut. Même dans le porno amateur, tout s'est trop standardisé au point que l'on a perdu cette touche si particulière ...

Je n'ai jamais voulu revoir ce porno, je crois l'avoir retrouvé mais je ne l'ai pas regardé à nouveau comme pour conserver le souvenir magnifié de ces émois juvéniles. L'espérience d'avoir revu le premier porno gay que j'avais regardé m'a dissuadé de refaire pareil : on trouve ça nul en fait.

Tto, qui a commencé tôt en plus

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