J'ai appris un nouveau truc : j'ai un comportement symbiotique.
Mais qu'est-ce donc ?
"Symbiose" se définit comme "une association durable et réciproquement profitable entre deux organismes vivants" mais, en l'occurence, ce n'est pas cette acception qu'il convient de retenir mais bien davantage la notion de relation soi-disant harmonieuse mais bloquée. Lorsque deux personnes ont entre elles des transactions quasi-exclusives entre le parent de l’une et l’enfant de l’autre, elles sont en symbiose psychologique, c’est-à-dire que ces deux personnes fonctionnent comme si elles ne faisaient qu’un, chacune excluant un - ou deux - états et les trouvant en complément chez l’autre. Tu ne captes rien ? Regarde : X fonctionne en excluant son état d'enfant mais le trouve chez Y, qu’elle materne. En réponse, Y fonctionne en excluant son côté adulte et se laisse materner par X. X et Y se disent implicitement : "L’un sans l’autre nous ne sommes rien." Avoir conscience du risque de symbiose dans la relation, c'est déjà avancer. Lorsque le conseiller a besoin de materner celui qui exprime son besoin pour exister au travers des "je suis là, je m’occupe de toi, compte sur moi" et que celui qui est en demande attend de celui qui conseille qu'il fasse tout sans s’impliquer lui‑même au travers des "protége‑moi, dis‑moi ce qui est bon pour moi", on arrive clairement à une relation symbiotique.
C’est un phénomène normal dans la relation du très jeune enfant et de sa mère, qui au début de la vie de l'enfant ne possède qu’un seul état, celui de l'enfance. Mais peu à peu, l’enfant, par l’éducation, s'autonomise et le lien symbiotique se rompt de façon à lui permettre de s’affirmer comme étant une personnalité distincte de sa mère. L’éducation permet donc de faire évoluer l’enfant de la symbiose à l’autonomie. Mais, par réflexe ou immaturité, on peut être tenté de recréer des situations symbiotiques à l’âge adulte. Et bim ! Ces relations soi-disant harmonieuses bloquées peuvent exister entre une chaîne de personnes, par exemple dans les relations hiérarchiques.
Il en résulte que la survie de chacun dépend de celle de l’autre. Chacun s’identifie à l’autre, par exemple en répondant à sa place [c'est particulièrement vrai dans les couples où lorsque que l’on interroge le mari, c’est la femme qui répond]. C'est également le cas quand on questionne un enfant ou même un adolescent et que c’est la mère qui répond à sa place. Ce ne serait pas préoccupant si la dépendance en résultant n'amènait pas une dévalorisation de soi et une sur-valorisation de l’autre. Et c'est précisément l'intérêt d'examiner les raisons et le fondement réel de sa dévalorisation ou de la sur-valorisation qui permet de remettre aux commandes celui qui subit les conséquences d'une relation symbiotique.
Donner l’occasion d’exprimer ses désirs ou ses opinions débloque la "relation soi-disant harmonieuse bloquée" et favorise les décisions réalistes et autonomes. Sauf que ... pour y arriver, encore faut-il ne pas entretenir, par reflexe ou inconsciemment, les comportements qui entretiennent la relation symbiotique. Ce sont surtout des comportements de passivité induisant une absence de prise en charge personnelle ou une absence de souci réel de résolution du problème qui est pourtant très impactant. La passivité est le comportement par lequel une personne s’abstient - généralement inconsciemment - de réagir à une situation donnée, situation qu'elle subit directement ou indirectement.
Cela peut consister à :
- Ne rien faire ou remettre à plus tard : "Ca va s'arranger tout seul", "Truc va s’en occuper.", "Je ne m’en sortirai jamais" ... bref, pour contrer tout cela il faut trouver des clefs de motivation passant par l'amitié, le pouvoir hiérarchique, ou encore des vecteurs de reconnaissance ... sans obligatoirement tomber dans le chantage affectif.
- Se suradapter : en faire plus que ce qui est demandé, et faire ce que l’on devine que les autres veulent. Autrement, cela peut se traduire par le fait de suivre aveuglement et docilement les conseils et les modèles. La solution ? Inciter à choisir des options pour privilégier celle qui paraît la plus efficace, la plus proche de buts personnels.
- S’agiter : c'est notamment le cas quand on s'énerve autour d'un problème, que l'on parle beaucoup, qu'on se tord les mains, qu'on remue les jambes. C'est la traduction d'un comportement consistant à faire face à un sentiment d'incpacité à faire alors qu'on sait exactement quoi faire. Là encore, se confronter à la réalité et choisir la meilleure façon de faire est souvent le plus efficace.
- Se rendre incapable de réagir ou être violent : c'est le plus dur parce que la violence peut être dirigée vers les autres [colère ou agressivité] ou vers soi [se mettre en danger, souffrir d’insomnie, d’ulcère, de maux de tête]. Là, y a pas le choix : il faut s’occuper de soi-même, faire du sport ou se reposer, afin de diminuer le stress. Plus clairement, il faut tout faire pour vider son sac en ouvrant son cœur et en exprimant ses sentiments de peur, de tristesse et de colère.
La contre-réaction face à tout cela est de jouer à faire comme si, feindre de ne pas voir le problème, être dans un déni plus ou moins fort. C'est le processus de méconnaissance du problème ... qui, indirectement, oblige celui qui écoute et conseille à régler le problème à la place de celui qui est concerné [et zou, c'est repari pour un tour]. Cette méconnaissance peut se traduire de façon plus ou moins grave :
- La méconnaissance de ses propres capacités à résoudre le problème ["Je ne peux pas y arriver"]
- La méconnaissance des possibilités de résoudre le problème ["Je ne vois pas comment faire"]
- La méconnaissance de l’importance du problème ["Ce n'est pas si grave"]
- La méconnaissance du problème proprement dit [le pur déni qui se traduit par un "Tout va bien, y a pas de problème"]
Maintenant que tu as compris, je peux te confirmer que je suis dans une relation symbiotique et que tout l'enjeu qui se dessine désormais est de casser les mécanismes de mise en place de celle-ci, étant précisé que je sais parfaitement la déconstruire pour d'autres mais je n'en avais pas autant conscience pour ce qui me concerne [ce qui est assez rassurant]. Je coche pas mal de cases et le coach que j'ai vu hier m'a expliqué qu'on allait travailler à détecter les signes de la mise en place d'une relation symbiotique de façon à éradiquer le truc lorsqu'il se présente. C'est donc un retour aux commandes qui s'annonce, une reprise en main ce qui m'échappe de façon flagrante depuis un mois [jour pour jour] mais qui est en germes depuis bien plus longtemps.
Tto, pas un saint biotique pour autant
Via une vie de tto https://ift.tt/2ReeQEb
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