Au moins, avec Nicolas Bedos, on n'est jamais déçu. Souvent agacé, définitivement consterné, affreusement navré, potentiellement accablé et résolument affligé du gâchis d'attention portée au fils de celui dont il n'atteindra jamais l'habileté, confondant les fulgurances outrancières galvanisées par diverses substances avec les traits d'esprit [dont on ne peut nier qu'il dispose ... d'un esprit mais si mal employé].
Issu d'une lignée de gauche, il est devenu en quelques années de cuistreries télévisées savamment choisies pour leur complaisance amusée l'étendard d'une gauche boboïsante et décérébrée qui croit encore qu'on peut rire de tout pourvu que l'on se donne l'impression de faire des bons mots, du moins les laquais autour le croient-ils encore. Vingt ans plus tôt, on l'aurait retrouvé azimuté dans les couloirs de CANAL+, avec une cohorte criant au génie subversif. Mais voilà, le drame de Nicolas Bedos est qu'il arrive toujours à contre-temps, toujours décalé même dans l'élégance basique, le savoir-être et même lorsqu'il écrit pour lui-même ou d'autres. Enfant gâté ayant profité de l'ascenseur d'une ascendance pour bénéficier d'un peu de lumière accordée toujours avec facilité aux "fils de", il n'avait pas de mal à briller un peu plus qu'Anthony Delon. C'est peut-être ce qui lui a tourné la tête et fait croire qu'il avait du talent.
En tout cas, c'est ainsi qu'il a cru judicieux et amusant d'écrire [avec le bénéfice d'une éventuelle relecture qui n'aura pas permis la moindre prise de conscience] dans une chronique "enculé de nègre" pour faire du second degré au sujet d'une chronique faiblarde dans Marianne au sujet de l'indolence insulaire des antillais. On se tient les côtes et on en viendrait presque à se demander comment on a pu attendre autant de temps qu'une telle lumière supplante les saillies de Desproges. C'est d'ailleurs, à raison de ce même second degré, qu'on ne peut que crier au génie lorsqu'il insulte la police en 2010, policiers qu'il menacera de mort et insultera en 2014 alors qu'il est contrôlé en état d'ébriété et qu'il s'est vautré avec son scooter. Ah mais c'est que le petit Bedos est un surdoué parait-il ... il est au dessus de la moyenne, de la médiocrité ambiante à telle enseigne que le champion de l'anti-racisme de gauche peut se permettre de taxer les guadeloupéens d'autochtones oisifs qui ne comprennent rien au second degré. Signant le manifeste des "343 salauds - Touche pas à ma pute", il épouse les grandes causes germanopratines qui amusent peut-être au Café de Flore ou dans les délicieuses ruelles du Vème arrondissement, mais qui lassent quand, pour faire rire, il fait le salut nazi sur un plateau de télévision dans l'affligeante émission de Ruquier "On n'est pas couché" mais c'était pour singer Alain Soral et Dieudonné. Quand on n'adhère pas, c'est soit qu'on est stupide, soit que l'on n'entend rien à la subtilité d'un humour si puissant. C'est peut-être aussi parce que Nicolas Bedos est lourd, pénible et au talent éclipsé sinon indolent. Ou alors, c'est qu'il n'est tout simplement pas drôle à force d'être si gauche [à ne pas confondre avec "de gauche", ce que certains assimilent trop souvent].
Dernièrement, tel le poète maudit tentant de raviver la flamme d'un esprit humaniste si malmené par les circonstances sanitaires, il s'est fendu, au creux de la nuit, d'une publication sur les réseaux sociaux avec un texte censé susciter l'adhésion par tant de lumière. Sauf que, comme d'habitude, Bedos devait être illuminé par autre chose ou contrit par le fait qu'il avait dû se faire rabrouer au motif qu'il ne pouvait exercer librement ses petits caprices d'enfant gâté. Ainsi fallait-il "vivre quitte à mourir", l'affligeant fils de Bedos incitant même à ne plus suivre les "lâches directives gouvernementales" ou à "engueuler les flicaillons", comprendre ceux qui insistent pour que l'on préserva la vie d'autrui en respectant quelques contraintes. Au comportement social, le réalisateur/écrivain/chroniqueur exigeait que chacun puisse faire ce que lui sait faire de mieux, ce qu'il veut comme bon lui semble. "Bon, allez, soyons francs : Arrêtez tout. TOUT. Les masques. Les confinements. Excepté face à vos parents très fragiles (quand ils le souhaitent, ce qui n'était pas le cas de mon père, meurtri mort d'être privé de notre amour)" se lance, avec pathétisme Nicolas Bedos. "Vivez à fond, tombez malades, allez aux restaurants, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales" se hasarde-t-il ensuite ... persuadé qu'un tel éclat de populisme consternant lui vaudra bien quelques soutiens. C'est raté ... le Ministre de la santé, Olivier Véran, le tacla cruellement considérant qu'un tel donneur de leçons en méritait bien une ["Je pourrais comprendre ce type de réflexion si elle importait des conséquences sur sa seule santé. On ne peut pas imposer aux gens de prendre soin d'eux malgré eux, mais on peut imposer aux gens de prendre soin des autres malgré eux"] mais Elsa Zylberstein ou le consternant Vincent Lindon apportèrent un peu de réconfort au dramaturge dramatique, Lindon se risquant sur le plateau de Yann Barthès [grande lumière s'il en est] : "Je ne suis pas d'accord sur la forme, je pourrais être d'accord dans le fond. La phrase est forte, il faut être Jean Moulin pour dire 'quitte a mourir pour vivre', je comprends ce qu'il a voulu dire, ça veut dire allons-y, embrassons-nous, voyons-nous. Ceux qui sont contre et qui trouvent ça ridicule exagèrent et ont tort." concédant malgré tout qu'il s'agit là d'une phrase de dîner ... un peu trop arrosé comme en a l'habitude Bedos fils. En réponse et faible défense, l'écrivain incompris mais tellement doué s'est targué d'être un pamphlétaire, argumentant de façon un peu désespérée "Et, accessoirement, je vous rappelle que nous sommes encore libres de penser différemment, de débattre, de nous indigner, et même de nous tromper." Penser oui mais se servir de sa notoriété pour balancer du "enculé de nègre", menacer de mort des forces de police alors qu'on est trop aviné et exiger qu'on puisse contaminer tout le monde au motif qu'on a le droit de vivre au mépris de ce qui pourrait préserver autrui, là ... il y a une telle ironie qu'elle échappe quasiment à tout le monde, sauf les courtisans si pressés de rassurer la grande conscience brusquée par les entraves à son bon plaisir de jouisseur.
Le petit Nicolas rejoint donc les mouches à projecteurs, faisant du scandale ou du buzz son miel pour exister au delà des salons feutrés et tachés de sperme du Barron. Il se reconnaît volontiers comme étant quelqu'un de "difficile" qui énerve "beaucoup de gens". Au delà de sa personnalité prétentieuse, il affirme par calcul "Je suis à la fois très fier de ce que je fais et capable de demander dix fois à mon entourage si je ne suis pas une merde, avec la certitude absolue d'en être une". "Je suis un arrogant qui cache beaucoup de flips. Je ne dis pas ça pour me dédouaner d'être antipathique". C'est, pour le coup, presque amusant ... une fois n'est pas coutume.
Tto, qui ne trouve pas beaucoup de circonstances à Nicolas Bedos
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