C'est finalement la seule question intéressante à laquelle j'ai été confronté, ce mardi matin en consultation chez ce spécialiste des troubles anxieux : "comment décririez-vous votre état ?" Après les balivernes faciles sur les symptômes, ce qui n'allait pas et les raisons du pourquoi du comment, c'est la caractérisation de mon état qui m'a fait dire qu'il y avait un intérêt à tout cela. Aussi, j'ai répondu "maussade".
Je ne suis pas suicidaire, désespéré ... c'est simplement maussade et depuis un mois tout pile, sévèrement maussade. En parlant de quelqu'un ou de sa manière d'être, le Littré explique que le vocable maussade se définit par "Qui exprime son mécontentement, sa mauvaise humeur ou son ennui." Bien qu'imparfaite, cette définition répond assez bien à l'idée que qu'il y a de l’ennui dans le sens d'une absence de motivation assez criante, de la mauvaise humeur parce que je ne ris plus et un mécontentement parce qu'à l'évidence, je ne suis pas ce que j'ai l'habitude d'être.
Avec une facilité désarmante, mon interlocutrice n'a rien trouvé de mieux que de me dire que mon cerveau était malade, qu'il fallait donc le traiter avec des anti-dépresseurs [ah oui, je suis dépressif aussi] et même des anti-anxiolytiques. Il faut évidemment que je prenne tout cela et que je revienne la voir la semaine prochaine exactement à la même heure pour qu'elle apprécie s'il faut m'arrêter ou non. C'est simple : en cinq minutes, elle a balancé tout ce que je redoutais non pas parce que je ne l'assume pas mais surtout parce que je pense qu'il y a là une solution d'une paresse quasi révoltante ... surtout quand tu envisages qu'elle n'a même pas pris le temps de prendre ma tension ou de procéder à n'importe quelle autre prise de mesure.
Bien sur, pour avoir vu ma mère bourrée de ces saloperies qui ne font qu'endormir le mal mais jamais le traiter, je répugne évidemment à céder à la prescription. En guise de spécialiste de la question, j'ai donc fait face à une indigente prise en considération orientée bêtement sur des schémas tellement classiques qu'on aura du mal à me convaincre qu'ils sont adaptés. A la limite, m'infliger des cachets pour dormir aurait été moins injurieux.
Accablée d'un évident syndrome de Stockholm, ma mère m'a expliqué qu'il faut savoir entendre les diagnostics qui correspondent à une analyse médicale et qu'il faut accepter une béquille quand on a mal.
Je vais évidemment annuler le rendez-vous de la semaine prochaine, ne pas aller chercher les prescriptions considérant que flotter en altérant la lucidité qui me reste ne me semble pas être de nature à m'aider ... clairement pas. J'ai l'outrecuidance de penser mériter un peu mieux que des drogues faciles et addictives. Surtout, je vais m’enquérir d'un autre avis, voire d'une autre voie.
Être dans le déni, je n'y suis pas et je pense que le sujet qui m'assaille aujourd'hui [et qui inquiète] n'a pas de solution chimique. Si le temps fera son oeuvre et permettra de rendre les choses moins insupportables, je n'envisage pas que me transformer en zombie soit particulièrement indiqué. Du moins, je ne le souhaite pas pour moi, ne voulant clairement pas mettre le doigt dans un engrenage que je connais très bien pour l'avoir éprouvé enfant lorsque ma mère y sombra.
"C'était bullshit, on cherche autre chose. Next !" m'a envoyé Zolimari ... tout ce que je voulais lire de sa part.
Tto, qui avance malgré tout
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