Au moment où l'on égorge encore les huguenots que l'on voit passer et à qui l'on s'était promis de régler leur compte, rares sont ceux qui se souviennent qu'une semaine auparavant on mariait Marguerite de Valois avec Henri de Navarre devant Notre-Dame de Paris dans un semblant de concorde nationale bie oubliée désormais puisqu'on égorge ceux qui assistaient à la même cérémonie. En une semaine, les eaux de la Seine n'ont d'ailleurs plus tout à fait la même couleur et le courant n'a pas réussi à encore évacuer les dépouilles de ceux qui y ont été précipités après subi les pires outrages.
Le calme finit par revenir relativement dans les rues de Paris et l'on en vient à espérer qu'il pleuve rapidement pour que l'hémoglobine s'évacue aussi tant les effusions de sang ont transformé la ville. Il faut dire que ce sont des milliers de morts que l'on dénombre et même le roi a paniqué en voyant que le calme ne revenait pas, comme s'il avait enfin compris que l'option retenue avait de sérieux inconvénients. Mais il est désormais trop tard ... le plus inquiétant c'est que le mal se propage et que Catherine de Médicis voit resurgir le spectre de la guerre civile qu'elle pensait avoir réussi à calmer, a fortiori avec ce satané mariage qui n'est désormais plus qu'un mauvais rêve un peu naïf. Comment en est-on arrivé là ? L'Histoire le dira ou pas, mais en attendant, les remontées des provinces sont alarmantes.
Averties par des témoins ou des courriers de commerçants, encouragées par différents agitateurs comme Jean de Chambes, comte de Montsoreau dans le val de Loire, les villes de province basculent tour à tour dans leurs propres massacres. Le 25 août 1572, la tuerie atteint Orléans où elle fera un millier de morts, et Meaux. Puis la Charité-sur-Loire, deux jours plus tard c'est à Saumur puis Angers que les protestants sont massacrés. Le 31 août, c'est Lyon qui s'embrase. Le 11 septembre, Bourges se déchaîne et le 3 octobre, Bordeaux règle son compte aux huguenots. Le 4 octobre, Troyes, Rouen, et Toulouse rejoignent la cohorte funeste des villes ensanglantées, le lendemain c'est Albi, Gaillac, Romans, Valence et Orange. Une chose est certaine : la vague confine au raz-de-marée à l'insatr de celle qui ravagea Paris. Il faut dire que les appels à la modération du roi sont diversement relayés : parfois les autorités locales encouragent les massacres comme à Meaux où c’est le procureur du roi qui en donne le signal, ou encore à Bordeaux comme Toulouse quand des notables voient dans la circonstance l'occasion d'un grand défouloir appaisant les friustrations passées. Toutefois, Catherine de Médicis se rassure en lisant que, souvent, les autorités tentent de protéger les huguenots en les mettant en prison comme au Mans ou à Tours même s'il s'agit d'une protection relative quand les prisons sont forcées et les protestants massacrés comme à Lyon, Rouen ou Albi. Il faut dire que le roi n'a pas fait preuve de calrté en faisant partir des messagers avec l'ordre verbal de tuer les protestants, avant d'interdire ces exécutions quatre jours plus tard.
Au total, jusqu'à 30.000 protestants seront massacrés du seul fait qu'ils n'étaient pas catholiques, une épuration en d'autres termes.
Sauf que non, deux jours après que le bain de sang ait commencé à Paris et pare qu'il sentait que l'émoi était important comme si quelques chose était devenu irréversible, Charles IX décide de tenir un lit de justice - une séance solennelle du Parlement - au cours duquel il endosse l'entière responsabilité de l'exécution des chefs de guerre protestants. Il déclare alors qu'il a voulu "prévenir l'exécution d'une malheureuse et détestable conspiration faite par ledit amiral [Coligny], chef et auteur d'icelle et sesdits adhérents et complices en la personne dudit seigneur roi et contre son État, la reine sa mère, MM. ses frères, le roi de Navarre, princes et seigneurs étant près d'eux." Cela ne l'empêchera d'être poursuivi par les fantômes de cette décision jusqu'à son trépas qu'il n'allait pas tarder : Charles IX va s'éteindre 91 semaines plus tard, rongé par une santé chétive et achevé par une pleurésie à Vincennes un mois avant son vingt-quatrième anniversaire. La légende raconte qu'au moment de quitter la vie, Charles IX se serait déclaré poursuivi par les spectres revanchards de ceux qui avaient péri le 24 août 1572 ... une légende comme celle qui expliqua après la mort du roi qu'il aurait autorisé le massacre des huguenots en hurlant contre sa mère qui le suppliait de décider quelque chose "Eh bien soit ! Qu’on les tue ! Mais qu’on les tue tous ! Qu’il n’en reste plus un pour me le reprocher !" alors que sa maîtresse Marie Touchet était protestante ...
La tâche demeure indélébile sur le règne de l'avant-dernier Valois et les robes noires de Catherine de Médicis qui n'aurait pourtant pas d'autres responsabilités que d'avoir hésité et surtout mis au monde le véritable instigateur de l'assassinat de Coligny : l'arme ayant servi à l'attentat contre le protestant appartenait à un homme de la garde rapprochée du frère du roi Henri d'Anjou, ce dernier ayant des intérêts communs avec le duc de Guise. D'ailleurs le 23 août au soir, Henri d'Anjou assiste au conseil royal étroit et en qualité de Lieutenant général du royaume dispose de tous les pouvoirs pour agir au nom du roi, de conserve avec l'ambiteux duc Henri de Guise qui aura la main bien lourde. L'Histoire est d'une curieuse ironie ... Henri d'Anjou, devenu roi sous le nom d'Henri III, fera assassiner Henri de Guise à Blois le 23 décembre 1588.
Fin
Via une vie de tto https://ift.tt/2ReeQEb
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire