Ah oui, je sais bien que la fin du monde est proche parce que des adolescents attardés ne supportent pas la frustration de ne pas pouvoir faire exactement ce qu'ils veulent [ce n'est d'ailleurs pas exclusif à une tranche d'âge en particulier puisque même des soixante-huitards viennent gonfler les rangs de Nicolas Bedos en craignant que les précautions actuelles ne les privent de leur vie et leur bon plaisir].
J'ai bien compris que l'immigration érigée en choc des civilisations et de la société joue à plein régime pour expliquer tout et surtout n'importe quoi, jusqu'à mettre la lumière sur le fait qu'on boit trop de Coca ou qu'on ne mange pas assez de produits bio.
Comment éluder que la Nation s'effondre parce qu'Amazon va faire son Black Friday alors que le pauvre libraire [dont on ignorait qu'il était si cher au français qui s'abstient depuis des années de s'y rendre ... un peu comme le jogging était une passion au printemps] est proche de l'extrême onction ? Comment faire abstraction des polémiques essentielles nourrissant le ventre gras des réseaux sociaux, passant tour à tour des incantations contradictoires sur la fumisterie Didier Raoult aux antivaccins qui geignent à envisager de se faire un piqûre alors qu'ils pleurnichent sur l'impossibilité d'aller à la messe, érigée en liberté fondamentale et constitutionnelle même ?
Dresser la liste de ces diversions toutes plus navrantes les unes que les autres n'aurait pas d'intérêt si ce n'était pour pointer le fait qu'elles sont, au delà d'être inutiles, finalement assez toxiques. L'idée n'est pas de jeter l'opprobre sur ceux qui font ou ceux qui critiquent, ce n'est pas mon propos [ce qui n'empêchera pas d'expliquer que je suis suiviste du gouvernement donc à tondre à la libération ou affreusement complotiste puisque j'alimenterai les thèses du même nom]. Le propos d'aujourd'hui consiste à remettre en perspective le fait que savoir si tu vas pouvoir t'asseoir à la table de Noël seul ou pas est certes obsédant mais la crise qui couve ne me semble pas être celle-ci et l'on ne t'en parle pas. Aussi, je vais m'y employer pour donner à cela une trajectoire un peu plus éclairée qu'une révolte découlant du fait que les salles de sport sont fermées.
En effet, sans que l'on mette l'accent suffisamment sur l'événement, depuis lundi l'Union européenne subit une grave crise qui n'est pas mise en relief et qui, pourtant, pourrait la précipiter dans le précipice un siècle après que le premier conflit armé mondial l'ait déclassé dans le concert planétaire des nations. En 2020 donc, la Hongrie et la Pologne ont décidé de bloquer l'adoption du programme d’aide de l’Union aux pays les plus affectés par la crise sanitaire et bloqué le budget des sept prochaines années. Rien que ça ... les gouvernements populistes de droite ont donc choisi le chantage de la paralysie au motif que l'Union envisage des sanctions contre ces deux états du fait du non-respect récurrent de l'état de droit.
Une crise de plus me diras-tu ... sauf qu'elle tombe au pire moment et permet à la Hongrie et la Pologne de s'asseoir sur le siège encore chaud, précédemment occupé par la Grande-Bretagne, du fossoyeur européen. Oui, les mesures privatives de libertés individuelles liées au genre, aux orientations sexuelles, à la liberté de la presse, à l'indépendance de la justice et j'en passe. Le Parlement européen ayant conditionné le versement des aides au respect de l'état de droit, la Hongrie et la Pologne ont mis leurs menaces à exécution et utilisé leurs droits de véto ... paralysant le mécanisme d'aide de 750 milliards d'euros pour pallier les effets du Covid-19 en Europe, et les 1.090 milliards d'euros devant être injectés jusqu'en 2027 au titre du plan de relance. Une crise de plus donc ... mais peut-être une crise plus grave qu'il n'y parait parce que sans cette relance, comment redresser les économies européennes confinées et en phase de destruction annoncée ? Comment trouver l'air nécessaire alors que l'asphyxie sera totale et ouvrira le terrain aux accords bilatéraux avec les Etats-Unis ou la Chine ? Comment concevoir encore que l'Union ait un sens quand, sur les principes, deux états aux comportements peu compatibles avec les textes de référence de l'Union exercent un chantage ?
Oui, cela ne serait pas grave sinon banal si cela tombait à un autre moment ... à un moment différent de celui au cours duquel les pays de l'Europe du nord coincent sur la logique même du plan de relance passant par un endettement commun dont les pays frugaux [dont la France] bénéficieraient davantage. C'est tout l'édifice européen qui vacille alors que l'Italie s'enfonce dans une crise durable qui pourrait aussi précipiter tout l'échafaudage de la monnaie unique, le bénéfice des taux d'intérêts bas et l'attractivité commerciale du premier marché mondial. En d'autres temps, on aurait dévalué pour retrouver un peu d'air quitte à affronter la tempête des marchés financiers. C'est aujourd'hui impossible et finalement rassurant parce que cela évite de se retrouver dans une situation comparable à celle de l'Argentine qui fut déclarée quasiment en état de faillite.
Tout tient encore par ... on ne sait pas comment. La France voit tomber les milliards comme s'il en pleuvait, oubliant qu'elle vit à crédit parce qu'elle est le premier client de l'Allemagne qui la protège du fait de sa rigueur budgétaire légendaire. Mais pour combien de temps encore ?
Les bourses s'envolent et rattrapent bientôt leur niveau d'avant Covid-19 alors qu'on est exactement dans l'œil du cyclone et que les turbulences de 2020 ne seront rien en comparaison de celles de 2021. Les bourrasques ne seront pas au programme, les tempêtes les remplaceront avec leur cortège d'instabilité politique [élection en Allemagne coïncidant avec le départ d'Angela Merkel et la résurgence d'une extrême droite allemande revigorée, élections en France où les populistes annoncent déjà vouloir s'en donner à cœur-joie, choc social majeur dans les économies occidentales faisant craindre des mouvements sociaux pas vus depuis longtemps, Brexit aux conséquences monstrueuses pour une économie britannique en état de coma avéré qui n'aura d'autre choix que de devenir un paradis fiscal aux portes d'une Europe impuissante à résoudre ses tourments intérieurs, crises diplomatiques et militaires à répétition en Asie mineure, etc]. Ajoute à cela qu'un nouveau krach boursier est inévitable tant la bulle actuelle procède de l'évidence, et précipitera donc des désordres financiers majeurs faisant passer la crise de 1929 pour un petit rhume.
On fait bien en effet de t'abreuver d'un débat sur le droit de filmer des policiers en fonction ou de l'émergence de vaccins dont l'efficacité demeure à prouver au regard des protocoles en vigueur ... il vaut mieux ne pas te parler de tout ce qui s'annonce et faire diversion alors que le péril est imminent [sans parler des événements climatiques qui finiront bien par mettre à genoux les compagnies d'assurance qui se désengagent d'un risque historiquement couvert mais devenu répugnant].
Il est encore temps de danser comme les riches passagers de la première classe du Titanic alors que l'iceberg n'est plus très loin, en étant persuadé que la "lumière" Mélenchon pourra dissiper la funeste collision. CNEWS et BFMTV peuvent continuer à créer des polémiques quotidiennes comme pour nourrir un fonds de commerce ... l'essentiel est de ne surtout pas voir que le mur s'est tant rapproché qu'on a désormais le nez collé dessus.
Mais je comprends, c'est inhumain que d'interdire aux gens d'aller faire leurs courses de Noël dans les supermarchés ...
Tto, mortifié par l'insouciance de ses contemporains
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