Depuis toujours, on m'a expliqué que le meilleur ennemi de la pérennité d'un couple était de travailler ensemble. Le meilleur gage d'une stabilité amoureuse devait être, comme on te l'explique dans tous les bons Cosmopolitan / Biba / Elle / Jeune& Jolie, de bien séparer l'univers professionnel avec son lot de trucs bien pénibles et la sphère personnelle avec le sexe tout partout [puisque par hypothèse, tu ne couches pas au boulot en vertu du sacro-saint "No zob in job"].
Bon ... moi qui ai vécu onze années avec quelqu'un que j'avais rencontré au boulot [certes un boulot étudiant, mais c'était un boulot quand même], je ne suis pas nécessairement le mieux placé pour en parler ... ou alors, finalement, le mieux qualifié pour pouvoir le faire. Fidèle à ma conception des choses, je n'ai en définitive qu'une réponse : il n'y a pas de règles.
C'est d'autant plus certain que l'actuel confinement remet pas mal de pendules à l'heure ... En effet, depuis mars dernier et également depuis fin octobre dernièrement, si tu vis en couple et si ton/ta conjoint/e est condamné à faire du télétravail ... bah de fait, tu bosses avec la personne avec laquelle tu vis ! Et donc, ce que l'on te présentait comme le péril absolu, avec en prime l'impossibilité de couper entre le pro et le perso, est arrivé. Et pour autant, c'est loin d'être une catastrophe.
J'ai connu deux configurations. Lors du premier confinement, Zolimari ne travaillait pas [voir les épisodes précédents ici et ici] donc le fait de cohabiter avec quelqu'un qui bosse en même temps que toi, qui fait des conf'calls comme toi et qui croule sous le boulot comme toi, je n'avais pas ça. Je n'avais pas les visios simultanées et les recherches d'endroits propices pour se concentrer puisqu'il était occupé à écumer le catalogue Netflix voire à écouter sa musique de brailleuses [ce n'était pas mieux]. Pour le second confinement, la donne a changé puisqu'il a recommencé à travailler en juillet.
Toutefois, nous en sommes arrivés au même constat : voir son/sa conjoint(e) travailler sous ses yeux même si l'on bosse en même temps lève aussi un voile sur celui/celle que l'on connait dans un univers qu'on ignore. Bah oui ... sauf à travailler avec depuis des années, tu ignores évidemment comment bosse ton partenaire, comment il se comporte, se positionne, réagit. Et cette expérience de télétravail en cohabitation a de sacrées vertus. Ainsi, lui comme moi comprenons peut-être mieux les enjeux et les contraintes de nos métiers et activités respectives. Zoiimari a été très attentif [d'autant plus récemment] aux montagnes russes de mon moral tandis qu'il voyait s'accumuler les demandes, constatait avec horreur la densité de mon agenda, etc. De mon côté, j'ai compris aussi le tourbillon auquel il est sujet en me confirmant aussi qu'il joue clairement le joli cœur mais sans excès en définitive.
La proximité nous permet également d'échanger très rapidement, promptement sur des difficultés, d'appeler l'autre à la rescousse quand il s'agit de surmonter un problème. C'est ce que les anglosaxons appellent le feedback et il faut avouer que le télétravail favorise beaucoup ce partage de mon côté parce que je trouve, chez lui, une oreille plus attentive [ce d'autant que je suis un cas pratique RH assez évident en ce moment]. La séparation des lieux et des moyens de transport permettait d'étanchéiser nos environnements de travail, le télétravail nous offre la possibilité de les découvrir l'un l'autre pour l'un et pour l'autre.
C'est d'autant plus marquant pour ce qui concerne les rythmes : lui comme moi, nous nous calons presqu'instinctivement sur un rythme similaire. Lorsqu'il comprend que j'ai arrêté de travailler ou qu'il ne m'entend plus parler dans tous les sens ou râler contre la stupidité ambiante, il comprend relativement vite que la journée est terminée ... et inversement : quand il soupire dans tous les sens à expliquer qu'il en a marre, je lève le crayon et je le rejoins pour qu'en quelques secondes nous ouvrions le chapitre de notre vie à deux. Il en est de même lorsque des contraintes sont connues, il se cale sur mon rythme et j'observe le même mouvement quand il est sujet à de grosses échéances ... comme pour s'aider mutuellement et s'adapter afin de rendre les choses plus digestes.
Bien sur, il arrive que lui comme parlions trop fort, qu'on s'emporte sur des conneries de dossiers tout pourris et que l'on soit moins disponibles mais une chose est claire : le télétravail à deux n'est pas un sujet de difficulté au point que je peux t'assurer que les assiettes dont nous disposons ne seront pas cassées de sitôt du fait d'une crise de nerfs. Ce télétravail conjugal, paradoxalement, nous rapproche et nous permet de mieux nous comprendre en définitive. J'y ai trouvé une forme d'équilibre en me disant qu'il me sert de filet de sécurité, de parachute, de bouée au cas où cela n'irait pas. Lundi prochain, il devra se rendre sur site ... cela va me faire tout drôle.
Tto, qui télétravaille en couple
Via une vie de tto https://ift.tt/2ReeQEb
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire