04 mai 2021

Après eux, le déluge

2018 - PARTIES POLITIQUES

La saison a été retardée à la faveur d'un confinement éternisant la léthargie de l'automne hivernale ... pourtant, on savait bien qu'elle reviendrait cette habitude bien française de se disputer pour tout et n'importe quoi. C'est d'ailleurs un trait de caractère si communément admis qu'il se retrouve en dernière vignette du parangon franchouillard que sont les albums d'Astérix. Le mythe du village gaulois qui résiste à tout, y compris à l'envahisseur qui est forcément moins bien puisqu'il n'est pas gaulois/français, c'est une antienne vieille comme mes robes.

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La proximité d'élections régionales qui sont promises être une débâcle sans nom pour la majorité parlementaire que l'on dit déboussolée et de plus en plus fébrile à mesure que les sondages rejetant Emmanuel Macron tombent les uns à la suite des autres ... les illuminés qui prédisent toujours la fin du monde ou la médiocrité française parce qu'eux l'avaient bien dit ... les délires nauséabonds d'un Zemmour vomissant tous les soirs des théories fangeuses destinées à rassurer un auditoire qui anticipe une submersion [que l'on annonce pourtant depuis plus de 30 ans] ... la mayonnaise qui monte bien d'une cancel-culture interdisant à certains de prendre position sur des sujets au motif que leur peau ne serait pas assez foncée, qu'ils ne disposent pas d'un brevet de "racialisation" ou que sais-je encore [le brevet de souffrances passées, plus ou moins putatives, laisse toujours perplexe] ... des généraux qui jouent les Cassandre tantôt dans "Valeurs Actuelles" tantôt en écrivant directement à des députés pour jouer les lanceurs d'alerte alors qu'ils ont fait régner le silence propre à la grande muette pendant des années ... oui, la liste est longue.
Elle confine surtout à la démonstration par l'exemple que la fièvre est bien réelle : le pays s'emporte sur tout et probablement n'importe quoi, pourvu que l'invective [si possible vulgaire, putassière et plus si affinités] soit de rigueur et qu'elle ne permette surtout pas le débat. En cela, notre grand Tartuffe Pascal Praud fait office de tète de gondole, plus pittoresque qu'un étalage de barils de lessive dans un Carrefour market mais moins utile qu'un ballet à WC pour rendre les choses plus propres.

Après la manifestation du 1er Mai à Paris, Francis Lalanne affirme : "Je le dis haut et fort : la France a sombré dans la dictature"Les orfèvres du désordre s'amusent même de ce que le cinglé Lalanne joue le ménestrel trépané le 1er mai lors des défiles traditionnels pour clamer que l'on est en dictature et que la fin des valeurs est déjà derrière nous ... oubliant précisément que s'il était en dictature, son sort serait pire que celui que Poutine réserve à Alexander Navalny, dont il n'a pas le quart de la moitié du dixième de courage. Le ménestrel décati qui n'a plus rien trouvé d'autre pour exister que de créer une victimisation sui-generis aux relans politiques n'a même pas l'étoffe d'un Edern-Hallier qui avait pourtant usé le fonds de commerce jusqu'à la corde. On n'a que les troubadours bien lourds que l'on mérite et il faut croire que la France de 2021 mérite les éructations d'un Jean-Marie Bigard aviné qui croit atteindre une contenance en balançant à l'envie des "couilles, "connards", "salopes" ici et là. Les métastases du cancer de l'époque, c'est que tout se vaut et qu'on trouve dans les stupidités alignées bêtement par Jordan Bardella un message politique ... pas dur quand on croit utile de les comparer à Francis Lalanne ou Jean-Marie Bigard.

Or, tout ne se vaut pas. On peut entendre certains discours charpentés comme celui d'Eugénie Bastié et on doit le combattre dans des émissions qui ne sont pas pour autant un faire-valoir comme sur C-News qui flatte les convictions bretonnes et séditieuses de l'actionnaire du diffuseur. On peut se désoler d'entendre Michel Onfay régurgiter les rancœurs passées et tout mettre dans le même sac, quand la pensée du philosophe avait une autre tenue pour autant qu'elle ne courre pas après le buzz savamment entretenu par ceux qui ne cherchent qu'à faire du clic dont l'odeur les indiffère. On peut entendre les théories de Mathieu Bock-Côté et y apporter aussi la contradiction sans pour autant nier les tensions populaires actuelles conduisant à une évidente remise en cause du pacte social, générant les images insécuritaires qui font le lit de l'électorat d'extrême droite toujours prompt à se mobiliser et donner ua pays une solution autoritaire qu'il regrettera le lendemain.

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Pour n'importe quelle personne attentive à la vie politique de ce pays, une chose frappe : la campagne présidentielle a débuté le 1er mai de l'année qui précède le scrutin présidentiel, comme quasiment à chaque fois. Les postures sont les mêmes : l'extrême droite se normalise et s'affadit tout en hurlant au grand remplacement, l'extrême gauche remonte le coucou de la lutte des richesses pensant que l'idéologie marxiste partiellement transposée en 2021 suffira à rallier les classes populaires et les autres regardent médusés les choses se défaire en lambeaux comme si la confrontation était inéluctable. Pas de doute, elle l'est et le sera comme chaque scrutin l'est à la différence que, comme outre-Atlantique, chacun des camps annonce déjà renier le résultat s'il ne lui est pas favorable. La crise de régime est proche sans pour autant être certaine. Les alliances de certains avec la République en Marche créé un psychodrame classique et rien n'est plus incertain que de pronostiquer le ticket finaliste de la prochaine élection présidentielle. Le rouleau compresseur de l'impopularité ronge Emmanuel Macron, Jean Castex verse dans la parodie quand il règle la situation en région PACA, Xavier Bertrand est toujours aussi inaudible ...  je ne parle pas des écologistes qui réussissent toujours à recycler toutes leurs divisions tous les cinq ans. 

Quand sera-t-il question d'envisager les défis à venir plus sereinement, loin des caricatures et des postures factices ? Quand offrira-t-on à l'électeur autre chose qu'une démonstration permanente de rivalités convenues pour se répartir un gâteau dont il restera exclu ? Quand le fameux nouveau monde promis en 2017 émergera-t-il en nous débarrassant des parodies frelatées qui se plaisent à se renier d'un jour à l'autre sans qu'aucun camp ne parvienne à être, même vaguement, crédible ? Quand nous quittera cette impression que le chaos est si proche qu'il semble nous attirer inexorablement ? Quand pourra-t-on se dire que derrière les prises de position de militaires factieux il n'y a pas un dessein obscur qui fait fantasmer ceux qui rêvent d'un coup d'état militaire comme dans n'importe quel régime tropical sud-américain ? Quand expliquera-t-on aux gilets jaunes que l'on s'est bien moqué d'eux en privatisant leurs révoltes pour mieux asseoir des ambitions bourgeoises consistant à prendre le pouvoir ? Quand se dissipera cette impression que toutes et tous se rejoignent sur le fait qu'ils agissent délibérément comme si après eux, c'était nécessairement le déluge ?
Tu as aimé l'angoisse de 2017 avec un Président qui n'ose même pas se représenter devant ses électeurs et une campagne dans le caniveau ? Tu vas adorer 2022 avec son lot de scandales, d'analyses qui tiennent sur des tweets, de roueries dégueulasses et de funestes perspectives. Les chaînes info feront la part belle aux réactionnaires de tous bords qui expliqueront que tout doit disparaitre et l'on tendra des micros à ceux qui n'ont pour seul but que de tordre la vérité et les principes supérieurs de la démocratie. Tu t'es moqué des américains flanqués d'un Trump grotesque ? Peut-être aurait-il fallu être un peu modeste quand je vois ce qui se profile ...

Tto, assez soucieux

Via une vie de tto https://ift.tt/2ReeQEb

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