La tâche [tu auras noté l'accent, nous ne parlons pas de la salissure laissée sur une surface par une substance qui recouvre ou imprègne une partie de celle-ci] n'était pourtant pas simple et seul Emmanuel Macron pouvait savoir avant tout le monde que Gérald Darmanin saurait la relever. Personne lisant ces lignes ne pouvait présager qu'en moins d'une année on pourrait dire "Castaner, c'était moins pire".
L'œuvre de réhabilitation du ministre qui se saoulait à la vodka dans des établissements sur les Champs-Elysées les soirs de manifestation des gilets jaunes n'aura donc pas traîné et c'est en digne représentant de commerce de chez Téfal que l'actuel ministre de l'Intérieur cumule les casseroles qui procèdent désormais de la formation symphonique.
C'est simple : il n'en rate pas une, sauf peut-être la marche qu'il croit le rapprocher de son idole Nicolas Sarkozy dont, aveuglément, il essaye de suivre le sillage sans avoir la moindre lucidité de ce qui les rapproche n'est qu'un nombre de centimètres.
Gérald Moussa Darmanin est né en 1982 à Valenciennes [déjà ... ça commence mal]. Son passé familial procède d'un savant métissage méditerranéen, de Malte à Tunis, de l'Algérie jusqu'en France avec une bifurcation lointaine en Arménie. Bref, le candidat idéal pouvant démontrer à qui veut s'en convaincre que venir d'ailleurs n'est pas insurpassable dans une société française si frileuse. Après la pantalonnade de la dissolution de 1997, le petit Gérald prend sa carte au RPR, se rapprochant de Jacques Toubon dont il devient assistant parlementaire au Parlement européen. Mais voilà, en 2002, la création de l'UMP l'éjecte fermement et le jette dans les bras du député Christian Vanneste.
Christian Vanneste ... ce nom te dit quelque chose ? Mais oui, c'est ce député issu des rangs du RPR, qui fit "oeuvre" de négationisme en réfutant la déportation des homosexuels pendant le second conflit armé mondial, expliqua ensuite que le "lobby" homosexuel l'avait évincé de la vie politique. C'est de Christian Vanneste donc que Darmanin se rapprocha en 2007 et 2008, ès-qualités d'attaché parlementaire puis de directeur de campagne pour l'élection municipale de Tourcoing. Une bien belle filiation idéologique que Darmanin essayera de nier en 2015 lorsqu'il sera pris dans la polémique de propos assimilant Christiane Taubira à "un tract pour le Front national mis en avant par François Hollande". Qu'importe, celui qui se targuait d'être le plus jeune député de France [oubliant que Marion Maréchal Le Pen lui avait grillé la politesse, mais entre "si beau linge" point d'offense] oublie aussi opportunément de dire qu'en 2012, il tuera Vanneste en lui ravissant la 10ème circonscription du Nord et en se faisant élire député là où le cacochyme réactionnaire n'avait plus trouvé d'étiquette politique que chez De Villiers.
Rien que là, on pourrait s'estimer repu ... attends, j'ai oublié de te dire que Darmanin, pour se forger une stature locale, adopte des positions catholiques clairement traditionaliste à "tendance intégriste" selon Anne-Sophie Mercier qui le qualifiera de "bébé rageur", et un chapelet de positions homophobes que les régurgitations de la Manif pour tous encourageront. Il collabore en 2008 au mensuel Politique magazine, organe de presse de l'Action française royaliste, inspiré de Charles Maurras et lié au mouvement Restauration nationale. Créant le lobby "Cadet bourbon" une fois élu député en 2012 aux côtés de Damien Abad, Julien Aubert, Guillaume Chevrollier, Alain Chrétien, Virginie Duby-Muller et Laurent Marcangeli, il explique vouloir revivifier la droite et se targue d'appartenir au quarteron de mousquetaires qui s'appelait ainsi. On connaît le résultat de 2017.
La suite ? Et bien, il est nommé ministre par Emmanuel Macron [que Darmanin choyait en expliquant qu'il était "bobopopuliste", "démagogue", "poison définitif" de la Ve République et de "pur produit du système"] après avoir refusé de soutenir François Fillon et démissionné de ses fonctions au sein des Républicains. Sauf que ... ressurgissent les déclarations problématiques sur son refus d'appliquer la loi pouvant le conduire à marier deux hommes ou deux femmes. Comprenant que cela fait tâche, Devant cet emballement médiatique, Gérald Darmanin dit regretter ses écrits et met en avant son manque d'expérience, tout en déclarant qu'il aurait préféré que son ancien parti ait voté un contrat d'union civile.
Est-il besoin de parler de la rocambolesque affaire des faveurs sexuelles ? Un élu de la République marchande une démarche auprès de la Garde des Sceaux contre le fait de tirer un coup ? Pour le catholique fervent, ça fait tâche encore une fois, d'autant que s'il nie le viol et l'absence de consentement, Gérald Darmanin n'a jamais contesté l'existence du rapport sexuel, l'envoi d'une lettre à la garde des Sceaux en faveur de la victime ni l'existence d'échanges de SMS [dont un particulièrement gênant et insistant selon Mediapart] allant dans ce sens.
On oublie aussi que l'actuel Ministre de l'Intérieur est en charge de la préparation et de la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de sécurité intérieure, de libertés publiques, d'administration territoriale de l'État, d'immigration et d'asile, de sécurité routière. Il prépare et met en œuvre, dans la limite de ses attributions, la politique du Gouvernement en matière d'accès à la nationalité française et est chargé de l'organisation des scrutins comme de coordonner les actions de prévention de la délinquance et de lutte contre les trafics de stupéfiants. Pourquoi ce rappel ? Tout simplement parce que Gérald Darmanin a continué de cumuler ses mandats de conseiller régional et de vice-président de la métropole européenne de Lille avec sa fonction ministérielle : il avait déclaré être "pour le cumul des mandats" mais "contre le cumul des indemnités". D'ailleurs, sur sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique déposée après sa nomination au gouvernement, il déclarait cumuler ses indemnités de maire, de vice-président puis de conseiller régional des Hauts-de-France, de vice-président de la MEL et, depuis mai 2017, de ministre, mais également de 28 sièges au sein d'organismes publics ou privés ou de sociétés en tant que représentant d'une collectivité locale. On rappelle que la loi ne permet pas aux ministres de percevoir "plus d'une demi fois le montant de l'indemnité parlementaire", soit 2.799,89 euros bruts par mois, en plus de la rémunération de ministre de 9.940 euros mensuels. Gérald Darmanin a toujours indiqué ne pas être au courant de cette règle. Pire et une fois mis au courant, il faudra attendre le 23 novembre 2018 pour qu'il démissionne de son poste de vice-président de la métropole européenne de Lille ... de toute façon, ses absences étaient nombreuses ce qui n'empêchait pas la région Hauts-de-France présidée par Xavier Bertrand de lui verser 100 % de son indemnité alors qu'il n'est présent qu'à 20 % des séances du conseil régional.
Aussi devant un tel tableau qui ferait passer les caciques du Front National pour de sympathiques camarades de chambrées, on ne s'étonne plus de rien. En mars 2021, certains passages de son essai "Le séparatisme islamiste - Manifeste pour la laïcité", publié un mois plus tôt, posent problème puisque Darmanin, décrivant la politique de Napoléon à l'égard des Juifs de France, semble reprendre à son compte les stéréotypes antisémites de l'époque, notamment en précisant que parmi les Juifs "certains d’entre eux pratiquaient l'usure et faisaient naître troubles et réclamations". Il reprend aussi in-extenso une lettre de Napoléon à son ministre de l'Intérieur : "Notre but est de concilier la croyance des juifs avec les devoirs des Français et de les rendre citoyens utiles, étant résolu de porter remède au mal auquel beaucoup d’entre eux se livrent au détriment de nos sujets." Voyant là le signe d'une "lutte pour l'intégration avant l'heure", tout le monde s'y perd d'autant que l'essai est consacré au "séparatisme islamiste". Les vieux démons resurgissent toujours ...
Dans un tel contexte, comment s'étonner que chaque déclaration suscite l'emballement, surtout quand il se prend les pieds dans le tapis systématiquement. Un débat avec Marine Le Pen lui permet de la tancer en regrattant presque qu'elle soit devenue trop molle ... Il pond une loi à chaque fait divers, écrite avec les mêmes pieds qui l'ont fait trébucher [l'article 24 de la loi Sécurité globale est un Everest du genre]. Et là, ces derniers jours, il n'a rien trouvé de mieux que de s'en prendre à l'affligeante Audrey Pulvar pour mieux la victimiser [ce qui lui donnera au moins une contenance] pour des propos qu'il considère comme injurieux mais qui sont hélas impossibles à condamner. Qu'importe, le petit Ministre annonce qu'il va déposer plainte [pour des motifs dont on se perd en conjectures à apprécier la substance], bombant le torse au maximum pour rassurer les forces de police de son soutien alors qu'elles n'attendent qu'une chose : des moyens. Ah ça, on va voir ce que l'on va voir selon Darmanin mais n'est pas Fouché qui veut. Piteusement et prétextant une clarification de ses propos par la même Pulvar à qui l'on offre un boulevard, il annonce :
Pas de doute : des soutiens comme ça, la Police en a bien besoin en effet. Mais cela confirme une chose : Gérald Darmanin passe son temps à gesticuler comme Sarkozy sauf que la copie est toujours plus brouillonne que l'original [qui ne donnait déjà pas dans la clarté]. C'est un peu notre petit Trump à nous : il raconte n'importe quoi mais qu'importe, il en restera toujours quelque chose. "La voiture en soi n’est pas polluante", "les additions dans les restaurants parisiens tournent autour de 200 euros lorsque vous ne prenez pas de vin", "l'ensauvagement d'une partie de la société française" et autres saillies de notre bel étalon de Tourcoing sont de cet acabit trumpiste qui consiste à dire tout mais surtout n'importe quoi. Devenant une marque d'affliction et presque le Gaston Lagaffe du gouvernement [ce qui soulage Jean-Michel Blanquer et fait donc passer Christophe Castaner pour une lumière], le petit Ministre de l'Intérieur continue son chemin, pêtri du sentiment qu'exister suffit en oubliant les ravages que ses inconséquences produisent.
Christiane Taubira a proposé , en 2015, une définition de Gérald Darmanin :
"Lorsqu'une personne a autant de toiles d'arraignées dans la tête ;
Lorsqu'une personne est absolument incapable de comprendre la société française, de comprendre son histoire, de comprendre sa composition, sa force et sa vitalité ;
Lorsqu'une personne est absolument incapable de s'attacher à un certain nombre de principes qui sont fondamentaux, et qui ont construit justement la nation française ;
Lorsqu'une personne est inculte à ce point ;
Lorsqu'une personne est pauvre, indigente moralement, politiquement, culturellement ;
Lorsqu'une personne est à ce point indifférente aux dégats considérables qu'il peut produire par ses paroles qui sont des insultes incontestablement mais qui sont surtout des déchets même de la pensée humaine ;
Moi je n'en attends rien, je n'en attends vraiment rien."
Si peut-être une chose ... qu'il s'en aille vite avant qu'il ne soit trop tard.
Tto, qui n'a que mépris pour une telle fange
Via une vie de tto https://ift.tt/2ReeQEb
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