L'arlésienne, c'est un peu comme attendre trente secondes en comparaison de l'attente éprouvée au sujet des vaccins. Et là aussi, comme à chaque fois en France, c'est la foire.
Je ne dis pas cela uniquement parce que l'on observe des aberrations sur les vaccinés ... ah bah si peut-être un peu. Je vais donc te raconter ma vaccination d'hier. Ah oui, ne te déchaîne pas : c'est vrai que je ne suis normalement pas assez âgé pour être considéré comme prioritaire, mais figure-toi que je suis suffisamment ventripotent pour prétendre à être vacciné en raison d'une comorbidité m'exposant plus que d'autres aux ravages d'un virus bien connu depuis quinze mois désormais.
Ainsi donc hier midi, me voilà arpentant un centre de vaccination ... oh pas l'usine du Stade de France ou une salle de concert qui ravit les nostalgiques, non un truc pas loin de chez moi en caressant le secret espoir qu'il y aurait moins de monde. Cette naïveté me consterne ...
Ca oui, je peux te le dire : je n'ai pas été déçu. Bon, je n'accable pas les personnels soignants et équipes dévouées qui essayent de rendre la chose optimale mais peut-on espérer faire de l'or avec du plomb quand on se rend compte que les gens sont au mieux stupides, au pire [ou avec lucidité] totalement cons ? Bah non, on ne peut pas ...
C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle je suis rapidement arrivé : la cour des miracles ! Entre les copines qui viennent accompagner celle qui va se faire piquer et donc déambulent comme si elles étaient toutes seules, les connasses qui débarquent et pensent qu'on va leur tendre les bras parce qu'elles ont téléphoné le matin même pour passer en priorité sans avoir le moindre rendez-vous, les gens qui ne comprennent rien quand il est inscrit qu'il faut attendre que son nom soit annoncé pour accéder au parcours de vaccination, les débiles qui sont là deux heures avant leur heure de passage "parce qu'on ne sait jamais si je peux passer en avance", les angoissé(e)s qui imaginent qu'il n'y aura pas de dose pour tout le monde, les infectiologues qui théorisent sur tout et étalent la science qu'ils n'ont pas ... oui, la vingtaine de minutes d'attente m'a fait me souvenir que décidément, je suis misanthrope.
Une fois que j'ai intégré le parcours de vaccination, cela ne s'est pas arrangé ... j'ai donc croisé des bonnes femmes qui trouvent que c'est "pas mal" de rameuter leur progéniture en pleine crise d'adolescence parce que c'était un peu dur de la laisser toute seule à la maison et puis c'est pour qu'elle voie. Nan mais ... à quel moment tu considères un centre de vaccination comme une attraction ? Tu n'as pas deux fils qui se touchent quand tu débraques avec quatre enfants qui foutent le bordel ? Outre le fait que je rappelle que les enfants sont l'un des fabuleux vecteurs de transmission du virus, à quel moment tu envisages que ce soit une bonne idée en fait ? Ils font quoi ces gens là, ils vont aux urgences le wikende parce qu'ils s'ennuient ? J'étais atterré ...
Atterré, je l'étais également quand il a fallu demande six fois à un mec de bien mettre son masque ... lui n'écoutait rien, il passait son temps à expliquer qu'il devait passer devant tout le monde parce que "Sébastien est autiste et il ne supporte pas d'attendre'". Sauf que Sébastien, il avait bien mis son masque lui ... il aura donc fallu l'intervention un peu plus musclée d'une armoire à glace pour lui demander d'arrêter son délire et de remettre son masque. Bien évidemment, il n'est pas resté le quart d'heure suivant la vaccination comme le protocole médical le requiert ... évidemment, il n'avait pas de rendez-vous non plus ...
Bref, une jolie tranche de vie, au milieu de la médiocrité ambiante, avec des gens qui imaginent qu'ils sont plus prioritaires que toi par le seul effet de leur égoïsme, des gens qui brillent par leur absence d'éducation et de savoir-être ... ouais ... bien sympathique en tout cas !
Tto, qui a eu sa dose
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