C'est précisément au moment où l'homme peut s'affranchir du port du masque en extérieur que les têtes plus ou moins blondes doivent s'interroger et philosopher. Et comme à chaque fois, je sors mon billet Philo qui ravive chez moi les excellents souvenirs de cette année qui a forgé quelques convictions définitives. Allez viens, je t'emmène ...
Allez hop, on y va ...
Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?
En voilà une bonne question mais qui, me semble-t-il, est assez classique en ce qu'elle tente de faire l'amalgame entre la notion de loi et la notion de justice. D'ailleurs, le caractère coercitif de la loi, qui lui est consubstantiel d'ailleurs, n'implique pas nécessairement qu'il y ait un impératif de justice. Ce sont deux concepts différents et bien éloignés l'un de l'autre même si l'on envisage que la loi peut être profondément injuste [ce qui n'est pas, à proprement parler, la même chose que le bien commun ou encore l'égalité]. Injuste de désobéir à une loi elle-même injuste, est-ce vraiment un problème ? C'est aussi l'une des questions parce que désobéir à des lois raciales ou qui créent des discriminations en raison de la couleur de peau, du genre, de l'orientation sexuelle, de la religion ou encore, est-ce vraiment injuste ? Tout est question de savoir si la loi est juste et l'on sait bien qu'elle sera d'autant plus respectée qu'elle y tend sans vraiment y parvenir. Dire cela, c'est déjà répondre largement à la question étant toutefois précisé que la justice, en tant que telle, veille à l'application de la loi, fut-elle injuste, et donc considère comme injuste le fait de ne pas s'y conformer. En d'autres termes, la notion de justice, selon qu'elle est morale ou technique, n'apporte pas exactement la même réponse ...
Savoir, est-ce ne rien croire ?
Là aussi, c'est classique mais toujours efficace. La connaissance et la religion font-ils bon ménage ? C'est tout le bagage sur la connaissance et la croyance qui impose de se demander s'ils sont antinomiques, ennemis jurés ou s'il est possible de les réconcilier. D'ailleurs, la formulation demeure sujette à caution : on peut en effet croire et se laisser guider par des convictions sans pour autant ne pas hiérarchiser le savoir comme une valeur cardinale. On remarquera donc que les scientifiques, les historiens ou je ne sais quel chercheur qui veut savoir n'est pas interdit de croire, d'être pétri de plus ou moins de religion ou guidé par des croyances plus ou moins occultes. Le souci et la ligne de front, c'est quand le savoir est handicapé par la croyance, quand 1+1=2 n'est plus 1+1=2 parce qu'un Dieu en aurait décidé autrement.
La technique nous libère-t-elle de la nature ?
La question de l'homme et de la nature est récurrente. La technique, c'est l'appréhension, par l'homme, des moyens de transformer une partie de la nature, de l'envisager non comme une force supérieure qui déciderait de tout mais comme quelque chose qui serait un moyen. La nature, c'est cet autrui supérieur, parfois personnifié, qui soumet l'homme à des contraintes qui lui sont extérieures. De fait, la technique libère l'homme d'une partie du joug naturel. Prenons la météo ... c'est une technique qui permet d'anticiper les mouvements de masses d'air et, ce faisant, de prévoir qu'il y aura un orage ou une forte canicule. En cela, la technique libère l'homme mais pas forcément de la nature puisqu'il y reste malgré tout soumis mais plus exactement de l'aléa naturel. Pour la génétique, c'est exactement la même chose : c'est la technique qui libère d'une partie de l'aléa naturel. Le vaccin est un moyen de se libérer des ravages d'un virus mais pas de s'en libérer.
Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
Il faudra demander à Pascal Praud et Eric Zemmour ce qu'ils en pensent mais, a priori, discuter c'est déjà accepter la confrontation d'idées plutôt que de résoudre une divergence par la force. Cependant et tu l'auras noté comme moi, il est des discussions d'une violence si forte qu'on aurait préféré un pugilat au sens propre que d'avoir à trainer l'héritage de mots aussi épouvantables que blessants. En cela et comme à chaque fois en philosophie, l'oxymore ne peut être si évidente. Discuter n'est pas renoncer totalement à la violence en ce qu'elle en serait le contraire, discuter c'est accepter de reporter toute tentative de résolution d'un conflit par la violence immédiatement. Le renoncement est donc temporaire, partiel et soumis à la condition que la discussion purge l'opposition. On sait bien que ce n'est pas toujours le cas.
L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
Il aurait été regrettable que l'on ne convoqua pas Freud sur au moins un sujet. L'inconscient ... vaste débat mais pour autant, échappe-t-il à toute forme de savoir. Encore une fois, le fait de pouvoir qualifier l'inconscient en tant que tel est une reconnaissance, donc une connaissance. Déjà, là tu as ta première partie. Ensuite, tout est question de ce que l'on entend par inconscient qui serait la somme de refoulements plus ou moins organisés digérés ou pas par un individu. En la matière, qu'est ce que la connaissance a à voir là dedans ? Quid de la méthode équipollente au savoir dans un domaine où tout procède plus d'un réflexe ou de l'inné, précisément parce que c'est inconscient ? Pour une fois, la formulation semble à l'évidence trop caricaturale, l'inconscient ne pouvant clairement échapper à toute forme de connaissance.
Sommes-nous responsables de l’avenir ?
Tu n'avais pas imaginé que tu échapperais à la notion de destin tout de même ... L'avenir, c'est le destin. Le destin, c'est la prédétermination des choix dont on considère qu'elle résulte soit de forces occultes que l'on ne maîtrise pas, soit de choix et d'un libre-arbitre ayant les conséquences que ledit choix implique. Oui, tout tourne autour de la notion de destin parce que selon que l'on va penser que l'on est responsable de l'avenir, on ira contre l'idée de destin puisqu'il est la résultante d'éléments que l'on ne maîtrise pas donc dont on ne peut être responsable. Ou alors, on considère [comme ton serviteur] que les choix du passé conditionnent l'avenir et donc la responsabilité est quasi totale. Oui "quasi" parce qu'il y a quand même une composante qu'il faut convier au débat : l'aléa, autrement appelé chance ou hasard. Celui-là ne rend pas si linéaire les choses et, partant, remet à sa place l'homme qui se persuade que sa maitrise et sa technique sont susceptibles de lui donner une emprise sur le mouvement de tout son environnement et donc son futur. Mais la question n'est pas de savoir si l'on veut maîtriser l'avenir par nos choix, la question est bien celle de savoir si nos choix ont tant de conséquences que notre responsabilité est claire sur le futur. Faire exploser la bombe atomique laisse peu de place au doute quant à la responsabilité en l'avenir. En revanche, quand l'aléa est la cause quasi exclusive d'un événement futur, cela devient plus compliqué. On dira certes que celui qui a pris la responsabilité de prendre un avion qui s'écrase est en partie responsable de mourir dans le krach de l'avion, mais son choix n'était pas de mourir, sa responsabilité ne s'est limitée qu'à prendre place dans un avion et son projet n'était que d'être transporté.
Tto, qui a fait son exercice annuel
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