Finalement, tout est delta dans cette affaire.
De la quatrième lettre de l'alphabet grec, on a désormais fait une marque qui terrorise tous ceux qui pensaient pouvoir vivre comme avant, dans l'insouciance et la bonhommie d'antan. Funeste erreur, la répétition de la séquence de 2020 semble programmée pour se répéter beaucoup plus tôt que prévu. La trêve estivale n'aura, à l'évidence, pas lieu et les inquiétudes s'étalent comme l'eau dans le delta d'un fleuve.
C'est que le Covid-19 fait de la résistance et le relâchement constaté un peu partout [qu'est-ce qu'on rigole quand on voit les hypocondriaques de tous poils se déhancher dans les rues de Paris samedi sans masque, en s'agglutinant au mépris de toute distance de sécurité ... ah mais on est vaccinés ... ah bah oui, c'est bien connu que cela tue le virus le vaccin !] promet des lendemains épidémiques qui feront déchanter.
On peut jouer les Cassandre à l'excès aussi en regardant les fans zones de supporters de football [qui n'ont plus grand chose à supporter depuis hier soir] qui sont des foyers de contamination en puissance. On peut s'amuser aussi des fêtes partisanes organisées un peu partout pour célébrer les victoires électorales de dimanche ... la liste est si longue que toute comparaison virile ne serait même plus crédible. Las, le gouvernement s'alarme de la chute des primo-vaccinés, des créneaux vides dans les centres de vaccination ... et ceux qui ont différé leur piqûre remettent à septembre l'hypothèse. Sauf que voilà, les variants [dont l'alphabet grec ne suffira pas à dénombrer l'existence] se frottent les mains d'une telle aubaine et les pays que l'on pensait sortis d'affaire font un retour rapide vers les mesures sanitaires coercitives. Sydney est confinée pour 15 jours, Israël réinstaure le port du masque un peu partout et les chiffres sont suffisamment alarmants pour que Boris Johnson ait sonné la fin de la joyeuse parade de déconfinement.
Comme de coutume, la France a un train de retard et l'on préfère laisser les gens partir se brasser les uns les autres sur des plages ou dans des lieux de villégiature plutôt que de contenir l'épidémie et transformer la population en cocotte-minute. C'est clair, il en va désormais de l'équilibre social pacifique vis à vis duquel le gouvernement et le Président de la République ont choisir d'arbitrer.
Tout ça pour dire quoi ? Que l'histoire n'est pas achevée et finira bien par produire un variant encore plus résistant aux vaccins du moment à ce rythme. Loin d'espérer le péril, je m'étonne que l'on n'apprenne finalement pas grand chose. Quand les variants Epsilon et Zeta ravageront ce qui peut encore l'être, les compteurs s'affoleront et nous replongerons dans le délire sécuritaire avec encore plus de violence qu'à l'automne dernier. Parce que s'il est impropre de parler de vague, il est néanmoins une constante : chaque fois, c'est un peu plus pire puisque l'insouciance et la responsabilité s'évaporent.
Les Nostradamus scientifiques ne cesseront jamais de ramener leur fraise en prédisant l'imprévisible, en critiquant ce qui pourra l'être pour mieux exister, semant encore davantage le trouble dans des esprits épuisés de tels mouvements paradoxaux. Quand nous aurons atteint le variant Psi ou Oméga, que restera-t-il des uns et des autres ? N'aurons-nous pas basculé dans la sauvagerie qui promet les pleins pouvoirs à ceux qui sont plus forts en oubliant bien vite que le contrat social ne repose pas seulement sur la constatation que le pouvoir appartient à celui qui a la plus grosse ?
On a tort de penser que le Covid-19 est un épisode qu'il faut désormais remiser dans les images d'archives d'une décennie qui n'a pas fini de nous étreindre. Le virus aura fait davantage de mal qu'on ne le voit, les souffrances psychiques sont énormes et la nécessaire résilience n'est plus qu'un mot creux qui, comme Disney l'a fait pour le bonheur, ne veut plus rien dire et ne sert plus à autre chose qu'à vendre du comportement décorrélé de l'esprit. Le crépuscule est grandiose et l'abîme quasi infinie.
Mais bonnes vacances quand même hein ...
Tto, pas franchement rassuré
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