"Les résultats sont étonnants" ... Il m'a quand même fallu trouver la force de redescendre mon sourcil quand j'ai entendu cela tant, j'avoue, ne pas avoir été tant surpris que cela, voire même pas du tout.
Surprise de quoi ?
D'une abstention record ?
D'une régionalisation des anciens partis de gouvernement ?
D'une déroute de la République En Marche ?
D'une incapacité du Front National à convaincre au delà des effets d'estrade ?
D'une prime accordée à ceux qui ont géré localement ?
Non vraiment rien ne me surprend ... sauf peut-être les quelques enseignements qu'il faut, à mon sens, tirer du premier tour des élections régionales et départementales.
Sur l'abstention, la pantalonnade de l'explication de celle-ci au motif quasi exclusif que la propagande électorale n'aurait pas été reçue par ceux qui, traditionnellement, ne l'ouvrent jamais est un régal. Le gouvernement s'empêtre dans des explications nébuleuses, les extrêmes y voient la seule raison de l'absence de mobilisation ... le seul vrai sujet, c'est que c'est une condition de forme du processus électoral voilà tout. L'abstention ne résulte évidemment pas de cela et venir dire que "les français ne savaient pas qu'il fallait voter", c'est vraiment ridicule quand on infère que la campagne a été relatée dans tous les journaux télévisés et radio depuis deux mois et que les français étaient sous couvre-feu tous les soirs. De qui se moque-t-on ? Non, l'abstention trouve sa cause dans le fait que le scrutin n'intéresse pas l'électeur qui se moque un peu de la région et du département qu'il perçoit comme des écuries de barons locaux soucieux, pour certains, d'un destin national. Au surplus, on n'a jamais fait l'effort d'expliquer aux français les compétences quotidiennes des organes devant être élus. Enfin, et c'est peut-être le plus grave pour eux, l'abstention a rattrapé les partis qui mobilisaient dernièrement, savoir le Front National et les Ecologistes. Au prix d'une ripolinisation quasi caricaturale du Front National en RPR made in 2021, Marine Le Pen donne raison à ceux qui doutent et qui ne voient que du flou. Marion Maréchal Le Pen se frotte les mains, un échec à la présidentielle l'année prochaine et le parti sera à elle, avec le retour d'une ligne plus dure, plus nationaliste et mois système [alors que tout est système dans ce parti qui ressemble tellement à tous les autres]. Du côté des écolos, l'euphorie d'avant donne la gueule de bois et la trajectoire consistant à prendre la main sur le camp progressiste se heurte à la résistance des bastions socialistes qui ont la peau dure et commencent gentiment à digérer la fièvre verte. Bref, quand les deux raillaient les LR et PS sur le délitement de leurs socles électoraux, les voici donc arrivés au même point, d'où la colère froide de Marine Le Pen hier soir qui ne peut que constater le recul cinglant de son mouvement d'une élection régionale à l'autre, comme l'augure de ce que le second tour de la présidentielle n'est pas une évidence.
Toutefois et c'est bien le problème, le scrutin d'hier ne vaut que pour hier et probablement même pas pour dimanche prochain déjà. Le plus surprenant est l'incapacité des sondeurs à prévoir les tendances, là où ils annonçaient trois voire quatre régions pouvant basculer aux mains brunes de Marine, il n'y en aurait peut-être qu'une seule si le forcené vert résiste à céder en PACA. La dégelée est costaude pour celle qui entend promouvoir un nouveau positionnement avec ses bogoss aussi creux que navrant, Bardella étant renvoyé à ses chères études [ça lui permettra de travailler un peu ses dossiers plutôt que ... enfin bref] puisqu'il réussit l'exploit de faire moins que Wallerand de Saint-Just [trésorier du parti, de nombreuses fois entendu par la Justice au sujet des montages étranges en vigueur], cacique des années Le Pen papounet. C'est dire ... Quant à Sébastien Chenu, l'humilité à adopter au sujet des 18 points de moins d'un scrutin à l'autre se trouvera en terre totalement inconnue pour ce transfuge de la droite dite classique. Bref, c'est tout le système Le Pen qui vacille et, alors qu'on la disait portée par les événements au point que faire campagne devenait subalterne, Marine Le Pen doit désormais s'interroger sur sa stratégie qui ne prend pas. On serait presque tenté de lui rappeler le bon mot de son père à l'endroit de ceux qui pillaient les idées nauséabondes du Front National : on préfère toujours l'original LR à la copie RN.
Pour le reste, LR et le PS s'installent dans leurs rôles de partis régionaux et locaux, concentrant les bastions et gérant cette France des territoires comme avant, avec la science qu'on leur connait. Sortir à ce point du centre de gravité gouvernemental en inquièterait plus d'un. Christian Jacob était radieux, Olivier Faure toujours aussi placide. Pourtant voilà, chez LR, le scrutin remet en scelle Laurent Wauquiez qui se rêve à nouveau un destin. Pas de chance, Xavier Bertrand réussit son pari. Quant à Valérie Pécresse, elle peine à dissimuler sa déception : son sourire d'hier soir était aussi faux que le reste ... des présidentiables, c'est celle qui aurait le plus à batailler même si l'issue semble assurée, sans panache. Non, les écuries présidentielles ont subi un peu de mouvement hier. LR voit s'ouvrir les querelles de la désignation que Christian Jacob voulait enjamber, avec un Xavier Bertrand qui ira désormais coûte que coûte. Le PS n'a toujours personne à proposer et Najat Vallaud Belkacem rate son retour. Les écologistes n'ont pas tué le PS et ne savent toujours pas s'ils vont donne rà Yannick Jadot le ticket qu'il espère tant. Quant à la France Insoumise, elle brille par son absence, à l'image du reste quand le leader minimo estime n'avoir pas d'énergie à consacrer à quelque chose.
Du côté de LREM, le bilan catastrophique aura réussi à l'être davantage que redouté : le parti, ou ce qui en tient lieu, n'arrive même pas à jouer les faiseurs de roi ou les arbitres comme envisagé par les conseillers du soir du locataire de l'Elysée. Faire de cette élection un rendez-vous national permettant de jauger l'état des forces aura été le pire des pièges : le Président en sort plus isolé que jamais, seul à incarner son mouvement , avec un gouvernement étrillé par les défaites et surtout n'étant plus le seul rempart contre le Front National puisque Xavier Bertrand s'est saisi de l'étendard dès 20h15 ... Bref, pour Emmanuel Macron, la séquence est redoutable, seuls les enquêtes d'opinion pouvant encore le rassurer mais cela ne mène pas à grand chose. En revanche, le vide laissé derrière lui laisse perplexe pour ce qui concerne la capacité à rebondir. Dans quelques régions, ses listes pourront se maintenir au second tour [mais pas en Hauts de France où il devra probablement voter pour Xavier Bertrand dimanche prochain !] afin d'avoir un petit peu de présence dans les exécutifs régionaux mais on est loin du maître des horloges ou du grand marionnettiste élyséen. Voilà qui augure mal de la campagne qui a déjà démarré.
En somme, les rares électeurs qui ont honoré leur droit de vite ont eu un message assez clair : Emmanuel Macron subit une crise de confiance profonde au niveau local où où les parachutages procèdent davantage de la chute qu'autre chose. Marine Le Pen n'a pas vu venir que son électorat était capable de la lâcher proprement et simplement parce qu'elle brouille les cartes pour se rendre plus présentable et a affiché à nouveau le visage de faillibilité. LR [qui semble être une poudrière comme jamais] et le PS [qui n'a plus rien dans le ventre] jouent les rentiers locaux de situation héritées du passé mais qui ne conditionnent en rien l'avenir. Les écologistes ne transforment pas l'essai en trompe-l'œil des municipales. Et l'abstention confisque encore un peu plus des élections qui se font sur une déconnexion croissante du corps électoral avec les institutions. Les excités de la VIème République devraient méditer davantage que ce n'est pas en changeant de thermomètre que l'on fait chuter la fièvre mais bien plus en soignant les causes. Xavier Bertrand, ringardisant Valérie Pécresse, s'est rapproché de la panoplie nécessaire autorisant à envisager autre chose, oubliant peut-être qu'aux yeux des français, il représente un système dont ils ne veulent plus parce qu'ils aspirent à de l'entrain après 15 mois de confinements divers et variés. Celui ou celle qui comprendra cela aura gagné l'Elysée dans moins de onze mois.
Oyé oyé braves gens, une chose est sûre : tout peut arriver ...
Tto, quasiment pas surpris
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